Pour les dirigeants européens, les États-Unis en font trop. C’est ce qui est ressorti de la réunion entre plusieurs dirigeants de l'Union européenne et le président américain Joe Biden le 24 janvier. Selon la Maison Blanche, les dirigeants européens ont "souligné leur désir commun d'une résolution diplomatique."
L’Union européenne, la voie de la désescalade
Cette réunion intervient juste après la décision des États-Unis de rapatrier les familles de diplomates en poste à Kiev. Une initiative suivie par Londres et Canberra mais décriée par l’Union européenne.À (re)lire : Ukraine : l'UE s'étonne de voir les États-Unis "dramatiser" la situation
Selon Emmanuel Macron, chargé de la présidence de l’Union européenne (UE), il faut que l'UE "prenne toute sa part" dans ces discussions. Il veut proposer "un chemin de désescalade" à son homologue russe, avec qui il tient à s’entretenir "dans les prochains jours."
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Toutefois, la Commission européenne promet une série de sanctions contre Moscou en cas d'invasion de l'Ukraine par la Russie. La première d'entre elles serait la réduction des achats de gaz et de pétrole russe par l’UE. Les deux secteurs représentent respectivement 43% et 20% de l'approvisionnement de l'UE et financent largement le budget russe. Une position unanime côté européen qui ne semble toujours pas impressionner Moscou.
Moscou à la manœuvre
Selon le Kremlin, ce sont les États-Unis qui "exacerbent les tensions" avec des informations "hystériques". La porte-parole de la présidence russe Dmitri Pesko dément tout projet d'offensive, bien que les troupes militaires soient à la manœuvre aux frontières de l’Ukraine.À (re)voir : Entre Ukraine et Russie : quelles forces en présence ?

Exercice d’équilibriste pour les États-Unis
En réponse à ces demandes formulées par Moscou, le secrétaire d’État des États-Unis, Antony Blinken, s'est engagé à "coucher des idées sur le papier."À (re)voir : Ukraine : rencontre entre Blinken et Lavrov à Genève
Le président américain Joe Biden a lui placé en état d'alerte 8 500 soldats américains ce lundi 24 janvier. Cela signifie qu'ils pourraient en cinq jours intégrer la Force de réaction de l’Otan, déjà constituée de 40 000 militaires (NRF). La Force de réaction de l'Otan obéit au principe du "réservoir de forces", disponibles en permanence et pourrait intervenir en cas d'invasion russe. L'Otan souhaite également envoyer des navires et des avions de combat.
La menace n'est pas que militaire. Elle est également d'ordre économique et monétaire. Joe Biden envisage d'interdire aux banques russes d'utiliser le dollar, devise reine des échanges internationaux en cas d’invasion. Une mesure qui porterait un coup très sévère à la finance et à l'économie réelle du pays. La Russie est l'un des principaux exportateurs de gaz et de pétrole dans le monde. Les hydrocarbures sont vendus en dollars.
L’Ukraine, au cœur des tensions
Les autorités ukrainiennes essaient de faire baisser la tension entre Moscou et Washington. Le gouvernement du président Zelensky juge la décision de Washington de rapatrier d'Ukraine une partie de son personnel diplomatique comme "prématurée" et "excessive."Kiev ne semble pas pour autant hostile à une aide étrangère. L'Ukraine doit recevoir mardi 25 janvier une nouvelle livraison de matériel militaire des États-Unis. Cette dernière inclue "des équipements et des munitions pour renforcer les forces armées ukrainiennes", selon l'ambassade américaine. Il s’agirait d'une partie des 200 millions de dollars d’assistance accordés par la Maison Blanche récemment.
Selon une source européenne, une nouvelle réunion serait ainsi prévue entre le secrétaire d'État Antony Blinken et son homologue russe Sergueï Lavrov pour tenter à nouveau de calmer le jeu.