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Zimbabwe : Grace et Robert Mugabe expulsés de la Zanu-PF

Fin d'une époque dans les rues d'Harare. 
Fin d'une époque dans les rues d'Harare. 
(AP Photo/Ben Curtis)

Le parti au pouvoir zimbabwéen a expulsé son chef, Robert Mugabe, renforçant la pression afin que le nonagénaire en poste depuis près de 40 ans quitte la présidence au plus vite. La Zanu-PF prévient qu'elle le destituera s'il ne démissionne pas d'ici lundi. Son épouse, Grace, a également été remerciée.  

L'étau s'est resserré ses dernières heures autour du couple Mugabe. Réunis ce dimanche, les membres du parti au pouvoir, la Zanu-PF, ont voté pour une expulsion de leur chef, Robert Mugabe, âgé de 93 ans.

Avec un ultimatum à la clé : si le président du Zimbabwe, à la tête du pays depuis 37 ans, ne démissionne pas d'ici lundi midi, ils lanceront une procédure d'impeachment contre lui au Parlement.

Selon le quotidien d'État The Herald, le président zimbabwéen s'est entretenu avec les généraux de l'armée, pour la deuxième fois depuis le coup de force militaire cette semaine. La rencontre a été organisée dimanche après-midi au palais présidentiel, selon le journal. Sur des photos publiées sur le site du quotidien, le président Mugabe, vêtu d'un costume sombre à carreaux et d'une cravate rouge, salue et discute avec plusieurs responsables de l'armée dont le chef d'état-major, Constantino Chiwenga.

Lors de leur première entrevue jeudi, Robert Mugabe, au pouvoir depuis l'indépendance en 1980, avait catégoriquement refusé de démissionner de la présidence. Entre-temps, la donne a changé. 

"Le début d'une nouvelle ère"

Le parti de la Zanu-PF, qui n'avait jusque-là jamais fait défaut au "camarade Bob", lui a lancé un ultimatum inédit: démissionner "d'ici lundi" à la mi-journée ou faire face à une procédure de destitution. Lors d'une réunion d'urgence, la direction de la Zanu-PF a également décidé de lui retirer son titre de président du parti et de le remplacer par Emmerson Mnangagwa, 75 ans, l'ancien vice-président dont le limogeage le 6 novembre a précipité la crise actuelle.

Ce dernier, un dur surnommé "le crocodile", a également été nommé candidat officiel de la Zanu-PF à l'élection présidentielle de 2018, en remplacement du chef de l'Etat, dont il a longtemps été le bras droit. L'ambitieuse et impopulaire épouse du chef de l'Etat, Grace Mugabe, 52 ans, a quant à elle été purement et simplement exclue du parti.

Autant dire que Robert Mugabe n'a jamais été aussi proche du terme de sa présidence. Ces décisions "marquent le début d'une nouvelle ère", a lancé un cadre du parti, Obert Mpofu, qui présidait la réunion exceptionnelle de la Zanu-PF, et dont les annonces ont été vivement applaudies par les cadres du parti.

Elles ont également été saluées par une population avide de changements. "Même si sa décision arrive tard, la Zanu-PF a enfin fait le bon choix", se réjouissait Trymore Chabata, un vendeur de rue, pour qui "Mugabe est un problème depuis longtemps". Dans les rues d'Harare, le peuple ne contient plus sa liesse. La capitale a vécu sa plus grosse manifestation hier depuis l'indépendance pour célébrer en avance le départ du "vieux lion".  Elle est à nouveau en ébullition ce dimanche.  

Repect et dignité

Jusqu'à présent, l'armée, qui dément avoir fait un coup d'Etat, tente de négocier à l'amiable le départ du président Mugabe. Elle l'a même laissé se rendre vendredi à une cérémonie de remise de diplômes universitaires à Harare. Les militaires tentent de "le traiter avec respect et dignité", selon Anthoni van Nieuwkerk de l'université de Witwatersrand à Johannesburg, afin de mettre au plus vite un terme à ce coup de force militaire.

L'affaire n'est cependant pas aisée. Le vieux Mugabe, qui s'endort régulièrement en public, a la réputation d'être coriace et un fin tacticien. La crise politique au Zimbabwe inquiète la région. Mardi, plusieurs dirigeants de pays membres de l'organisation de la SADC (Communauté de développement économique de l'Afrique australe), dont le président sud-africain Jacob Zuma et son homologue angolais Joao Lourenço, doivent se réunir à Luanda pour en débattre.