1er novembre. Et chez vous, la mort, c'est comment ? 5/5

La perception de la mort diffère selon que vous habitez en Europe,  sur le continent africain ou en Asie. A chaque continent ses rites et ses coutumes autour du deuil.
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La mort
Les perceptions de la mort diffèrent selon les sociétés. La mort n'occasionne pas qu'un sentiment d'hostilité ou de répulsion. Le seuil de tolérance est souvent fonction des coutumes et des religions
©Frantz Vaillant / TV5Monde
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1er novembre,  jour de la Toussaint chez les chrétiens, c'est à dire de tous les saints. L'usage veut que ce jour-là, les proches du défunt se rendent sur la tombe et apportent quelques fleurs pour signer leur souvenir. En réalité,  cet hommage fleuri concernerait plutôt le jour des défunts, la fête chrétienne des morts,  le lendemain, le 2 novembre.  Mais la coutume  commande de se rendre sur la tombe le 1er novembre. 

Quelque soit la religion, il apparaît que la mort "n’est pas la fin ultime de la destinée de l’homme.  La mort est transition, passage vers un autre état, vers un autre monde, vers un autre mode de vie. Jamais la mort n’est acceptée, elle est toujours scandale, aussi, précisément, le rôle des religions est de donner du sens à l’insensé part excellence " écrit Christian Bernard, de l'Institut Géopolitique et Culturel Jacques Cartier.

  "Partir c'est mourir un peu... mais mourir, c'est partir beaucoup !"
                                                                                                              Alphonse Allais

mort faucille
La mortalité dans le monde correspond à 1,9 décès chaque seconde sur Terre, soit 158 857 décès par jour, soit près de 59 millions de décès chaque année
(Thinkstock photo)
 

Afrique : "L'esprit du défunt peut interférer"

Georges Yang est médecin. Volontiers provocateur,  "Le plaisir d'énerver les autres est une satisfaction sans borne ! Rien ni personne n'est respectable a priori" affirme-t-il.  Il se définit comme un  "Iconoclaste aimant la peinture, l'art, la Littérature et la controverse" et se dit particulièrement " attaché à la défense des libertés individuelles".  Auteur de nombreux articles sur le site Agora Vox, il estime que  les rites et pratiques funéraires maintiennent l’Africain dans la peur de l’irrationnel et la dépendance psychologique. " Dans un article publié en  août 2010, il écrivait un texte dont la pertinence nous a frappé.
En voici un large extrait :

"Pour de nombreux Africains, écrit-il, la mort naturelle n’existe pas. De nos jours, certains intellectuels réfutent cette croyance, mais elle est encore bien enracinée dans les mentalités. (...) Comme l’esprit du défunt peut interférer, le plus souvent de façon
Georges Yang
Georges Yang
(capture d'écran Facebook)
négative, il faut lui faire des funérailles qui le respectent et le satisfasse afin qu’il ne vienne par la suite perturber les vivants. Le modernisme, les religions importées et l’éducation tendent à minimiser ces croyances, mais elles perdurent au minimum au titre de tradition. Cependant, de nombreux Africains croient encore au pouvoir néfaste des morts.(...) Le deuil et les funérailles sont aussi l’occasion de grands rassemblements qui ont un coût. (...) Les funérailles s’accompagnent de rituels variant d’une ethnie à l’autre, elles sont très souvent défavorables aux veuves.  (...)
Chacun se doit d’assister aux funérailles d’un membre de sa famille élargie et par extension d’un collègue de travail, d’un voisin ou d’une vague relation. Ne pas le faire, c’est enfreindre un tabou ou plutôt un interdit coutumier, un erilolo chez les Banande, et s’exposer à la vindicte populaire, ou du moins à l’opprobre et à la suspicion. Car celui qui ne vient pas aux funérailles a quelque chose à se reprocher, de là à dire qu’il est tout en partie responsable du décès, il n’y a qu’un pas que l’entourage du défunt est souvent prêt à franchir. Personne n’a envie d’être considéré comme un sorcier ou un jeteur de sorts. Aussi vient-on la main forcée aux enterrements et célébrations qui suivent. (...) L’Afrique est désormais chrétienne ou musulmane. Les purs animistes sont de plus en plus rares et ne se retrouvent qu’au cœur de la forêt équatoriale ou dans des régions isolées du Sud-Soudan ou des régions reculées du Sud-ouest de l’Ethiopie.


La peur des morts existe, elle se traduit par le respect de rituels teintés de superstitions préjudiciable à la santé mentale de bon nombre de gens, à leur libre arbitre et à leurs économies.  (...) L’être humain a besoin de rituel pour exorciser la mort et confirmer son appartenance à une identité culturelle. Mais il y a des limites qui lorsqu’elles sont dépassées sont préjudiciables à toute la société. En particulier, les dépenses funéraires ne devraient en aucun cas prendre le pas sur les frais de santé et d’éducation, cela n’est hélas pas toujours le cas."

1er novembre, fête des morts.. et des commerçants


La Toussaint, c'est la fête de tous les saints et le lendemain, celle des morts, quand les vivants  fleurissent leurs tombes.
Chaque année en France 550 000 funérailles sont célébrées. Dans la majorité des cas, c'est l'inhumation qui est choisie. Le secteur des pompes funèbres pèse 2 milliards et demi d'euros aujourd'hui en France et, à la Toussaint, les fleuristes se frottent les mains. Il se vend chaque année en France  23 millions de pots de chrysantèmes, une fleur qui symbolise la lumière quand l'automne s'installe. Mais à la Toussaint, fête religieuse chrétienne, il n'y a pas que les fleuristes à la fête.
En Pologne, nombre de commercants n'hésitent pas à s'installer aux abords des cimetières pour vendre leur camelote.

cimetière polonais
(DR)

Popcorn, barbe à papa, boissons gazeuses, parfums, chaussettes, saucisses grillées... L'afflux des personnes en ce jour particulier est une aubaine particulièrement lucrative.  Au cimetière de  Brodno, cette curieuse association receuillement/commerce bat son plein le 1er novembre. Il s'agit d'un des plus grands cimetières d'Europe. Plus d'un million de personnes y reposent.  Pendant le week-end de la Toussaint, il y a un temps pour la prière, un autre pour  les affaires ! En moyenne, chaque vendeur peut espérer ainsi récolter environ 70 euros durant ces jours véritablement bénis. 

Asie : mourir à feu doux pour mieux revenir

La mort est un événement positif pour un hindou. L’esprit est séparé du corps, qui   n’est qu’une enveloppe matérielle temporaire. Selon le Bhagavad-Gîtâ, ce grand poème philosophique et religieux de l'Inde, qui signifie "le Chant du Bienheureux",  "L’âme incarnée rejette les vieux corps et en revêt de nouveaux, comme un homme échange un vêtement usé contre un neuf . Car certaine la mort pour celui qui est né, et certaine la naissance pour qui est mort ". La crémation doit avoir lieu le plus tôt possible. Elle a lieu en l'honneur d'Agni, le dieu du feu. Elle ne concerne que les adultes.  Les

Inde créamtion
Crémations le long du Gange à Varanasi
(capture écran)

lépreux, les femmes enceintes et les enfants de moins de 10 ans sont purs et n’ont pas besoin du feu salvateur. Ils sont inhumés ou jetés directement à la rivière.
En 1829, le colonisateur britannique a interdit la pratique de la sati. Elle obligeait la veuve à se sacrifier sur l'autel funéraire de son époux.
La cérémonie qui commence obéit à un protocole immuable : l'arrivée du corps, l'installation du bûcher, la mise en place du cadavre, l'allumage du foyer. Ce sont des intouchables, situés au plus bas de l’échelle sociale, qui s’occupent du cérémonial, avec au préalable l'immersion du corps dans le gange puis qui allument le bûcher.

En Inde, chose curieuse, aucune loi n'encadre les incinérations. Chacun est donc libre de brûler n'importe où le corps de son parent.  Pourquoi le feu ? Il permet de libérer l’âme du corps afin que celle-ci passe plus facilement dans l’autre monde. Mais l'incinération reste coûteuse. Au moins 400 kilos de bois  sont nécessaires pour assurer la combustion complète d'un corps.  Mais iL existe désormais des pains de bouse pour les bûchers funéraires. Pas de réticences de la part des familles à utiliser les excréments bovins.
Ils sont  considérés comme des porte-bonheur.
Les arbres respirent.

tableau mort

Il y avait 340 000 centenaires dans le monde en 2012 ; ils seront 1 million en 2020 et 17 millions en 2098.

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