3 questions pour faire le point sur les OGM

Le Conseil des ministres européens de l'Environnement a décidé jeudi 12 juin de laisser aux États membres de l'Union européenne la liberté d'autoriser ou non les cultures d'OGM sur leur territoire. Jusque-là, pour les interdire, les États devaient apporter des preuves scientifiques que ces aliments sont dangereux pour la santé de l'homme et de l'animal.
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3 questions pour faire le point sur les OGM
La culture du maïs OGM est autorisée dans cinq pays européens ©AFP
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Les OGM, qu'est ce que c'est ? Les OGM ou Organismes génétiquement modifiés désignent des êtres vivants (animaux ou végétaux) dont le génome a été modifié par l’homme. Les OGM fréquemment évoqués dans l’actualité et qui font polémique concernent principalement les végétaux destinés à l’alimentation animale. En 1983, trois laboratoires, dont Monsanto, annoncent être parvenus à intégrer une « construction génétique, en l’occurrence un gène de résistance à un antibiotique, dans des cellules de pétunia ou de tabac », rapporte le site Combat Monsanto. C’est le début des Organismes génétiquement modifiés. En 1993, Monsanto dépose le brevet du premier soja résistant à son herbicide Round up : le Roundup Ready. Modifier le patrimoine génétique de ces plantes (maïs, soja…) permet de les rendre résistantes à certaines maladies, et surtout aux désherbants utilisés dans les champs contre les mauvaises herbes. Selon le magazine Futura Sciences : « Elles sont conçues dans le but d’améliorer les rendements de production en limitant les pertes par les ravageurs ou la concurrence avec des plantes rivales. » Le maïs MON810 créé par Monsanto,  par exemple, est résistant aux insectes. Invitée de la radio RTL en février 2014, Céline Duroc, directrice adjointe de l'Association générale des producteurs de maïs, défendait le maïs MON810 face à José Bové : « L'intérêt du MON810, c'est de lutter contre un papillon […] On n'a pas besoin de passer plusieurs fois avec un insecticide dans le champ car c'est au moment où l'insecte mange le maïs qu'il s'infecte lui-même. Il n'y a donc pas, par ce maïs, de transfert dans l'environnement de l'insecticide. »
3 questions pour faire le point sur les OGM
José Bové a dit craindre une “accélération de l'introduction d'OGM en Europe“ suite à l'accord européen ©AFP
Sont-ils dangereux pour la santé? Pour l’environnement ? C’est la question qui divise pro et anti-OGM. Aucune enquête visant à prouver la dangerosité des OGM n’a actuellement été réalisée sur l’homme. En revanche, en septembre 2012, la revue américaine Food and Chemical Toxicology publiait une étude réalisée par une équipe française sur des rats, visant à démontrer les effets d’une consommation prolongée d’OGM. Dans la plus grande discrétion, l’équipe dirigée par Gilles-Eric Séralini, professeur de biologie moléculaire et chercheur à l'Institut de biologie fondamentale et appliquée (IBFA) de l'université de Caen, a nourri des rats avec du maïs MON810 de Monsanto et du pesticide Round Up également commercialisé par l’entreprise américaine. Deux cents rats ont été observés pendant deux ans sur plus de cent paramètres, certains alimentés avec du maïs OGM, d’autres non. Bilan : les rats nourris au maïs OGM développent deux à trois fois plus de tumeurs que les autres. Quelques mois après la publication de l’étude, la revue décidait finalement de la retirer de son site. Pour Sylvestre Huet, rédacteur du Blog Sciences2 de Libération, « il est clair qu'il y a eu une mobilisation de la part de l'industriel mis en cause, la société Monsanto, par l'article de Séralini. » Créés pour permettre aux agriculteurs de diminuer la quantité d’insecticides et herbicides pulvérisés sur les champs, les OGM ne sont pas anodins pour l’environnement non plus. Leurs effets peuvent toucher des organismes non visés. Green peace souligne notamment la mise en danger de plusieurs espèces de papillons au contact de cultures OGM. Les écosystèmes et cours d’eau autour d’un champ de végétaux génétiquement modifiés pourraient également être affectés. Par infiltration, les insecticides utilisés sur les plans OGM se retrouvent dans les nappes phréatiques et contaminent l’eau destinée à la consommation humaine. Enfin, Green Peace met en garde contre le Round up, le désherbant de Monsanto, reconnu comme un perturbateur endocrinien.
3 questions pour faire le point sur les OGM
Pour beaucoup d'opposants aux OGM, Monsanto cherche à s'enrichir sur la santé des consommateurs ©AFP
Qui les produit ? D’une manière générale, l’Europe est plutôt réticente aux cultures OGM. Le maïs MON810 de Monsanto est d’ailleurs le seul OGM cultivé dans l’Union européenne. Sur 27 États, cinq seulement l’utilisent. Les cultures espagnoles et portugaises de maïs génétiquement modifié représentent à elles seules 95% de la production européenne. Les 5% restants sont répartis entre la Slovaquie, la Roumanie et la République Tchèque. Plusieurs pays européens, dont la France, ont même totalement interdit la culture du MON810 sur leur territoire. Dans un classement réalisé par l’ISAAA (International Service for the Acquisition of Agri-biotech Applications), et publié par Le Monde, on observe que les États-Unis sont les premiers cultivateurs d’OGM avec 69,5 millions d’hectares. Viennent ensuite le Brésil et l’Argentine. La France ne figure pas dans la liste des quinze plus gros cultivateurs d’OGM du monde.

Agriculture: la vérité sur les OGM

Marie-Cécile Hénard, ingénieure agronome et membre du SAF (Société des agriculteurs français) et Marcel Kuntz, directeur de recherche au CNRS

17.06.2014Interviewés par Mohammed Kaci
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