40 pays engagés contre le braconnage

L’éléphant ou le rhinocéros d’Afrique pourraient-ils disparaître, victimes du braconnage ? L’année 2013 a été particulièrement meurtrière pour ces deux grands mammifères. Les associations de défense des animaux tirent la sonnette d'alarme: c'est aux Etats de prendre conscience de la gravité de la situation. Message reçu à Londres où 40 pays viennent d'adopter une déclaration commune contre le commerce illégal des espèces menacées. 
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40 pays engagés contre le braconnage
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Gros plan sur la conférence de Londres : une initiative sans précédent

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14.02.2014Par Laura Mousset
Il est temps d’agir. En 2013, le braconnage a « atteint une ampleur sans précédent, sans commune mesure (…) sur des espèces très suivies comme l’éléphant » souligne Florian Kichner, chargé du programme sur les espèces de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Chaque année, près de 25 000 éléphants sont braconnés pour leurs défenses en ivoire, à destination du marché asiatique. Très recherchée, cette matière précieuse sert principalement à fabriquer des objets de décoration. En octobre dernier, le Fond international pour la protection des animaux (Ifaw) affirmait que plus de 300 éléphants avaient été empoisonnés en quelques semaines, au cyanure, un poison violent déversé dans un point d’eau au Zimbabwe. Selon les derniers recensements, il reste 500 000 éléphants en Afrique, deux fois moins qu’en 1980. 
Mais ce pachyderme n’est pas la seule cible des braconniers. Les rhinocéros blanc d’Afrique, au nombre de 20 000, sont extrêmement "demandés" pour leur corne. Formée de kératine, elle est souvent réduite en poudre. La médecine traditionnelle asiatique « lui prête des vertus médicinales et aphrodisiaques, mais aucun fondement biologique ne confirme ces informations » confie Florian Kichner. Une bonne partie d’entre eux se trouve en Afrique du sud, paradis des braconniers. « Au début des années 2000, dans ce pays, il y avait environ dix rhinocéros blanc tués chaque année. En  2013, 1004 d’entre eux ont été abattus. C’est énorme ». 
La tendance s’est lourdement aggravée ces dix dernières années. Certains scientifiques n’hésitent pas à prédire la disparition de certaines espèces d’ici quelques années. L’Afrique du sud est victime d’un « braconnage frénétique » et, « à ce rythme là, les populations de rhinocéros auront disparu d’ici à deux ans » assure la directrice d’Ifaw France. Constat plus mitigé pour l’éléphant, mais cette espèce vulnérable et menacée pourrait bien passer dans une catégorie critique d’ici les prochaines années. C’est déjà le cas des éléphants de forêts d’Afrique centrale, dont 60% d’entre eux ont disparu, en dix ans. 
40 pays engagés contre le braconnage
En Afrique du sud, 1004 rhinocéros ont été tué en 2013 © AFP
« Le braconnage a changé de visage »
Le cliché du braconnier marchant dans la savane, fusil à la main, gourde à la ceinture, prêt à tirer sur la première bête qui l’approche, est révolu. Désormais, la chasse est « plus professionnelle et plus industrielle. Le braconnage a changé de visage, c’est une véritable stratégie militaire » explique Céline Sissler-Bienvenue. L’UICN le confirme, « Sur le terrain, des armes de guerre sont utilisées : kalachnikov, fusils à visée nocturne, hélicoptères… ». Selon Interpol, l’organisation internationale de la police, les réseaux de braconnage s’apparentent à de véritables « mafias avec une logistique et des moyens énormes ». 
Et il faut dire que l’appât du gain est alléchant.  Sur le marché noir chinois, par exemple, une défense d'éléphant se monnaye à 1 500 euros le kilo. Pour la corne de rhinocéros, le prix d’un gramme de poudre équivaut à celui de la cocaïne, c’est-à-dire 40 euros. 
Aujourd’hui, le grand braconnage alimente les réseaux terroristes en Afrique. L’argent récolté sert à « financer les groupes armés (Al-Qaida, shebab en Somalie) et les rebellions. Cela devient un problème de paix et de stabilité en Afrique » s’inquiète Florian Kirchner. 
40 pays engagés contre le braconnage
En Afrique, plus de la moitié des éléphants a disparu en 30 ans © AFP
Des sanctions pas assez dissuasives ? 
« Les lois ne sont pas bien appliquées, mais c’est en train de changer » affirme la directrice d’Ifaw France. La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites) réglemente, depuis 1975, l'export et l'import d'espèces menacées lorsqu’elles passent les frontières. Mais pour Florian Kichner, « chaque pays doit renforcer sa propre législation ». La France a d’ailleurs décidé, en décembre dernier, de multiplier les peines par dix pour les trafiquants. La conférence de Londres contre le commerce illégal des espèces menacées a rassuré les associations de défense de la faune et la flore sauvages. Les pays présents sont tombés d’accord pour renforcer les sanctions contre les braconniers. Ils s'engagent à abandonner l'usage de produits provenant d'espèces menacées de disparition, et veulent prolonger l'interdiction du commerce illégal d'ivoire «jusqu'à ce que la survie des éléphants d'Afrique ne soit plus menacée par le braconnage».
Mais pour lutter contre ce commerce illégal, l'argent reste toujours le nerf de la guerre. Avec des moyens modernes (drones ou tests ADN), de véritables progrès pourraient être enregistrés pour réussir à combattre efficacement ce fléau. En effet, ce commerce illégal est devenu tellement lucratif que les "Rangers" ne font que rarement le poids face à des braconniers équipés d'armes de guerre et d'hélicoptères.  

Information, action, pénalisation

14.02.2014Charlotte Nithart, invité du journal de TV5MONDE
Présidente de l'association Robin des Bois, Charlotte Nithart commente la déclaration commune adoptée à Londres contre le commerce illégal d'espèces menacées.
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