Il est temps d’agir. En 2013, le braconnage a « atteint une ampleur sans précédent, sans commune mesure (…) sur des espèces très suivies comme l’éléphant » souligne Florian Kichner, chargé du programme sur les espèces de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Chaque année, près de 25 000 éléphants sont braconnés pour leurs défenses en ivoire, à destination du marché asiatique. Très recherchée, cette matière précieuse sert principalement à fabriquer des objets de décoration. En octobre dernier, le Fond international pour la protection des animaux (Ifaw) affirmait que plus de 300 éléphants avaient été empoisonnés en quelques semaines, au cyanure, un poison violent déversé dans un point d’eau au Zimbabwe. Selon les derniers recensements, il reste 500 000 éléphants en Afrique, deux fois moins qu’en 1980.
Mais ce pachyderme n’est pas la seule cible des braconniers. Les rhinocéros blanc d’Afrique, au nombre de 20 000, sont extrêmement "demandés" pour leur corne. Formée de kératine, elle est souvent réduite en poudre. La médecine traditionnelle asiatique « lui prête des vertus médicinales et aphrodisiaques, mais aucun fondement biologique ne confirme ces informations » confie Florian Kichner. Une bonne partie d’entre eux se trouve en Afrique du sud, paradis des braconniers. « Au début des années 2000, dans ce pays, il y avait environ dix rhinocéros blanc tués chaque année. En 2013, 1004 d’entre eux ont été abattus. C’est énorme ».
La tendance s’est lourdement aggravée ces dix dernières années. Certains scientifiques n’hésitent pas à prédire la disparition de certaines espèces d’ici quelques années. L’Afrique du sud est victime d’un « braconnage frénétique » et, « à ce rythme là, les populations de rhinocéros auront disparu d’ici à deux ans » assure la directrice d’Ifaw France. Constat plus mitigé pour l’éléphant, mais cette espèce vulnérable et menacée pourrait bien passer dans une catégorie critique d’ici les prochaines années. C’est déjà le cas des éléphants de forêts d’Afrique centrale, dont 60% d’entre eux ont disparu, en dix ans.