Fil d'Ariane
Les CRS sont intervenues lundi lors d'une assemblée générale organisée par des étudiants de Nanterre occupant un bâtiment de l'université, qui a été fermée pour la journée par la présidence de la faculté, a-t-on appris de sources concordantes.
A la demande de la présidence de Nanterre, en région parisienne, les CRS ont pénétré vers 15H00 dans le bâtiment des sciences sociales où une assemblée générale improvisée réunissait entre 200 et 300 étudiants.
Une vidéo postée sur TweeterL'#université de #Nanterre / évacuation musclée des #étudiants par les #crs comme le montre cette vidéo prise par un enseignant sur place. Témoignage à écouter sur #franceculture @franceculture @FCulture_Pol dans le journal de 18h pic.twitter.com/i3YWQZsLIs
— Sophie Delpont (@Sophie_Delpont) 9 avril 2018
Certains participants ont été évacués tandis que d'autres restaient retenus à l'intérieur, a rapporté Julian, militant présent lors de l'intervention. Une personne a été interpellée, a constaté une journaliste de l'AFP.
Anne-Frédérique Perol, bibliothécaire à l'université, s'est dite "complètement sidérée" par l'intervention des forces de l'ordre.
"C'est honteux de faire intervenir les flics dans la fac", s'est indigné Victor, élu Unef à Nanterre, lors de l'AG improvisée.
Depuis lundi matin, une salle était occupée par des étudiants opposés à la réforme de l'accès à l'université.
"Nous avons tenté une négociation et proposé un local associatif pour les étudiants occupant le bâtiment", a expliqué la présidence de l'université, tout en précisant que cela avait été refusé. Dans la foulée, elle a décidé de fermer l'établissement jusqu'à lundi soir au moins.
Jean-François Balaudé, le président de Nanterre, "ne nous parle pas. Il commémore Mai 68, mais quand on demande le dialogue il envoie les CRS", a lancé Zoé Vaillant, prof de géographie.
Les forces de l'ordre sont intervenues en deux temps. D'abord à la mi-journée pour déloger "une vingtaine de personnes" occupant les lieux, selon la préfecture de police de Paris. Les occupants se sont alors retranchés sur un toit avant que les CRS ne se replient, laissant le temps aux étudiants d'organiser l'assemblée générale, finalement interrompue par les forces de l'ordre.
Le secrétaire national du PCF Pierre Laurent a condamné une "scandaleuse intervention des CRS à la fac de Nanterre sur demande de la présidence de l'université". "Pas de CRS face à notre jeunesse! Solidarité avec les étudiant-es", a-t-il twitté.
La Coordination nationale étudiante (CNE), opposée à la réforme de la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal, s'est réunie ce week-end à Nanterre, et a appelé à une nouvelle mobilisation sur les campus mardi.
C'est dans cette université de Nanterre, alors flambant neuve, qu'avait débuté la révolte étudiante - puis sociale - de mai 1968, avec la création le 22 mars sur son campus du mouvement des "enragés". L'évacuation policière de la Sorbonne occupée par ses étudiants devait quelques semaines plus tard être le détonateur des émeutes. Mais la faculté de Nanterre elle même n'avait pas été investie par les forces de l'ordre.
Selon des lois et une tradition remontant au moyen-âge, la police ne peut investir une université que sur demande de son président.