Fil d'Ariane
Alors qu'un cessez-le-feu est entré en vigueur entre l'Iran et Israël, mardi 24 juin 2025, après une guerre de 12 jours, le régime iranien semble livrer une autre guerre sur son territoire : la répression et l'arrestation de nombreux civils. Les forces paramilitaires des Gardiens de la révolution et du Basij sont en état d'alerte et la sécurité intérieure est désormais la priorité.
Le drapeau iranien est hissé sous la tour du monument Azadi (Liberté) à Téhéran. (Photo d'illustration)
Si les bombes ont arrêté de pleuvoir sur l'Iran, suite au cessez-le-feu bilatéral avec Israël décrété mardi 24 juin 2025, la répression par le régime iranien elle, s'intensifie.
Les médias officiels iraniens ont fait état de l'arrestation de 700 personnes accusées d'espionnage ou d'avoir collaboré avec Israël. Trois hommes, Idris Ali, Rasoul Ahmad Rasoul et Azad Shojai, ont été exécutés à Ourmia (nord-ouest), accusés de "coopération en faveur du régime sioniste", a annoncé le pouvoir judiciaire, qui a diffusé des photos des trois hommes portant l'uniforme bleu des prisonniers.
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Ces pendaisons portent à six le nombre d'exécutions de condamnés pour ces chefs d'accusation depuis le 13 juin, date des premières frappes israéliennes en Iran. Des défenseurs des droits humains ont dénoncé des exécutions arbitraires et des procès expéditifs, tenus dans un contexte de guerre.
"La République islamique a condamné à mort Idris Ali, Rasoul Ahmad Rasoul et Azad Shojai sans qu'ils aient eu un procès équitable et en se basant sur des aveux obtenus sous la torture", a déclaré à l'AFP Mahmoud Amiry-Moghaddam, directeur de l'ONG Iran Human Rights (IHRNGO), basée en Norvège. Ils avaient été condamnés à mort en 2024.
Deux d'entre eux, Idris Ali et Azad Shojai, membres de la minorité kurde en Iran, étaient des gardes-frontières, a précisé Mahmoud Amiry-Moghaddam. "Ils ont été arrêtés pour avoir fait entrer en Iran des boissons alcoolisées mais ont été obligés d'avouer avoir espionné pour Israël", a-t-il ajouté. Le troisième était également Kurde, mais de nationalité irakienne.
Pour l'heure, malgré l'opposition de la population au régime iranien, il n'y a pas de mouvement contestataire populaire. Depuis les premiers jours de l'attaque israélienne contre l'Iran, la République islamique a procédé à des arrestations massives pour des motifs tels que la publication d'informations pro-israéliennes, des contacts avec des médias étrangers, une collaboration avec Israël ou des activités d'espionnage.
Selon IHRNGO, outre les vagues d'arrestations d'Iraniens, au moins quatre touristes occidentaux ont été arrêtés pour espionnage et des ressortissants afghans sont arrêtés et expulsés à un rythme sans précédent.
"Après le cessez-le-feu avec Israël, la République islamique a besoin de répression pour masquer son échec militaire, empêcher des mouvements de protestation et assurer sa survie."
Mahmoud Amiry-Moghaddam de l'Iran Human Rights
Une étude menée par l'IHRNGO, basée sur des rapports reçus et une étude des médias nationaux, révèle qu'au moins 900 personnes ont été arrêtées, dont 200 accusées d'avoir simplement exprimé des opinions ou critiqué les dirigeants militaires et politiques de la République islamique sur les réseaux sociaux.
L'agence de presse Reuters rapporte que des déploiements militaires importants ont lieu dans la région kurde du pays. Un haut responsable de la sécurité iranienne et deux autres hauts responsables informés des questions de sécurité intérieure ont déclaré que les autorités se concentraient sur la menace d'éventuels troubles internes, en particulier dans les zones kurdes.
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Les unités paramilitaires des Gardiens de la révolution et du Basij ont été mises en état d'alerte et la sécurité intérieure est désormais la priorité, a déclaré le haut responsable de la sécurité.
L'Iran annonce régulièrement l'arrestation et l'exécution d'agents supposés travailler pour les services de renseignement de pays étrangers, notamment d'Israël.
Des sources de renseignements occidentaux et des chercheurs reconnaissent que les services secrets israéliens ont profondément infiltré l'Iran depuis des années, comme le montrent les exécutions ciblées de hauts dirigeants militaires pendant le conflit. Mais pour les ONG, les personnes exécutées pour espionnage ne sont que des boucs émissaires.
Le pouvoir iranien avait promis d'accélérer les procès après l'offensive déclenchée le 13 juin par Israël, manifestement alimentée par des données de renseignement très précises. Selon Mahmoud Amiry-Moghaddam de l'IHRNGO, des "centaines" de prisonniers risquent d'être exécutés dans les semaines à venir. "Après le cessez-le-feu avec Israël, la République islamique a besoin de répression pour masquer son échec militaire, empêcher des mouvements de protestation et assurer sa survie", selon lui.
D'après des informations du Comité de soutien aux droits de l'Homme en Iran (CSDHI), fondé en 2004 par des victimes de la répression du régime en Iran et réfugiées en France, des "informations circulant sur les réseaux sociaux font état d'un climat de sécurité renforcé dans plusieurs villes d'Iran".
Qui sont les acteurs de la répression en Iran ?
Les pasdarans, dépendent directement du guide suprême de la révolution. Ils sont le bras armé le plus puissant du régime iranien. Leur rôle est de protéger la République islamique, quoi qu'il en coûte. C'est une puissante force militaire sur laquelle repose l'ordre imposé. Ils sont très actifs sur la scène politique.
Le Basij est une force paramilitaire iranienne fondée en 1979 afin de fournir des jeunes volontaires populaires aux troupes d'élite dans la guerre Iran-Irak. Les bassidjis sont une branche des gardiens de la révolution islamique et sont chargés de la sécurité intérieure et extérieure de l'Iran. Selon MENA Research Center, c'est l'une des entités les plus influentes de la vie publique en Iran. La mission réelle du Basij est répressive.