Accord commercial post-Brexit : retour sur la saga d'un long divorce

Londres et Bruxelles ont enfin abouti à un accord historique, concernant leurs relations après le Brexit en cette veille de Noël. La sortie du Royaume-Uni de l’UE ne s’est pas faite sans accroc et c’est une véritable saga qui se termine, à quelques jours de la fin de la période de transition. Retour sur les principales étapes de cette sortie programmée.
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La Présidente de la Comission européenne Ursula von der Leyen (à droite) accueille le Premier ministre britannique Boris Johnson avant leur réunion, à Bruxelles, le 9 décembre 2020.
(Olivier Hoslet, Pool via AP)
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Le divorce entre le Royaume-Uni et l'Europe, né d’un référendum en 2016 est consommé depuis le 31 janvier 2020. Néanmoins, il restait de nombreux points sur lesquels Londres et Bruxelles devaient encore trouver un accord. C’est maintenant chose faite. Pourtant, la route a été longue et compliquée. 

Un referendum sur l'UE, le pari perdu de David Cameron

L'idée d'une sortie de l'Europe du Royaume-Uni a longtemps était séduisante auprès des partisans plutôt à droite. Espérant surfer sur cette tendance, le premier ministre britannique David Cameron promet dès janvier 2013 un référendum sur l'avenir du Royaume-Uni en Europe, si son parti remporte les élections législatives de 2015. Pour le parti travailliste, une sortie de l'Union européenne était jugée désatreuse. 

Retrouvez notre dossier Brexit : Le Royaume-Uni choisit de sortir de l'UE

Le parti conservateur remporte donc ces élections législatives de mai 2015 et promet d'organiser un référendum "in" ou "out". L'idée d'un prochain "British exit", ou "Brexit" devient un peu plus concrète. 

En février 2016, David Cameron annonce que ce référendum aura lieu le 23 juin, de la même année. À une semaine du scrutin, un drame symbolise la fracture dans laquelle la société britannique a plongé. Une élue travailliste faisant campagne pour rester dans l'UE, Jo Cox, est assassinée par un partisan d'extrême droite, qui l'abat au cri de "Britain first" (La Grande Bretagne d'abord). Une semaine plus tard, les Britanniques votent pour la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, à 51,9%. Le premier ministre David Cameron qui avait fait campagne pour le "remain", le maintien dans l'UE, présente sa demission au lendemain du résultat. 

La nouvelle première ministre Theresa May ouvre les négociations

Theresa May est nommée première ministre dès le mois de juillet en 2016.  Bien qu’ayant fait campagne pour rester dans l'UE, comme le reste du gouvernement, elle est néanmoins connue pour être eurosceptique. En mars 2017, elle active l’article 50 du Traité de Lisbonne qui annonce donc officiellement le début des négociations sur la sortie de l’UE. Une date théorique de sortie est alors fixée au 29 mars 2019, soit deux ans après. 

Dans la foulée, Theresa May convoque en avril 2017 des élections anticipées, une manière d’assurer sa majorité, avant le début des négociations avec l’UE. Mais le parti conservateur perd la majorité absolue et Theresa May doit signer une alliance notamment avec le DUP (Democratic Unionist Party), parti irlandais réactionnaire, clairement en faveur du Brexit.  

En mars 2018, l'UE et le Royaume-Uni trouvent un accord définissant une période de transition après le Brexit allant jusqu'au 31 décembre 2020. Cet accord permet entre autres, aux citoyens européens arrivant au Royaume-Uni pendant cette transition d’avoir les mêmes droits que ceux arrivés avant le Brexit. Il permet également d’assouplir la position de l'Union européenne sur l’accès à la pêche. 

Retrouvez notre dossier L'actualité de l'Union Européenne

Un premier accord est trouvé sur les termes du divorce en novembre 2018, à Bruxelles. L’un des points particulièrement sensibles repose sur la frontière entre l'Irlande du Nord et la République d'Irlande. Mais par trois fois, cet accord proposé par Theresa May est rejeté par les députés britanniques. 

N’ayant pas d’accord clair, la date initiale du Brexit est donc repoussée.

Le Brexit entre en vigueur le 31 janvier 2020

En juillet 2019, c'est Boris Johnson qui est nommé premier ministre britannique. Il est partisan d’un Brexit dur, avec ou sans accord, au 31 octobre 2019, au plus tard. À peine nommé, il décide, en août 2019, la suspension du parlement anglais pour cinq semaines. Une manière selon ses opposants de bloquer les échanges entre députés sur le Brexit, opposés à une sortie de l’UE sans accord. Mais le 24 septembre, la Cour suprême juge cette suspension “illégale, nulle, et non avenue". Un désaveu pour le premier ministre mais une nouvelle opportunité pour le Royaume-Uni d’obtenir un accord. 

Le Royaume-Uni et l’UE parviennent finalement à un accord le 17 octobre 2019. L’UE accepte de rouvrir les négociations, et Londres accepte la mise en place de contrôles douaniers sur la frontière irlandaise. Le début d’année 2020 annonce la validation définitive du parlement britannique du projet de loi du Brexit. Le texte est ensuite promulgué par la Reine Elisabeth, puis ratifié par le Parlement européen. Le Brexit entre donc en vigueur le 31 janvier 2020. Il reste à s’accorder avec l'UE sur les nouvelles relations, notamment commerciales. Une période de transition d’un an est prévue. 

En mars 2020, les premières négociations sur ce futur accord commencent. Il s’agit non seulement d’un traité commercial, mais aussi de multitudes d’accords bilatéraux concernant notamment, les transports, l’énergie, la coopération policière, et surtout certains aspects qui semaient encore la discorde, comme l’accès aux eaux britanniques pour les pêcheurs européens et les normes d’un commerce libre entre Londres et l'UE. 

Un accord commercial post-Brexit au forceps

En juillet, Londres et Bruxelles ne peuvent plus demander d’extension de la période de transition. Pour éviter un Brexit sans accord, il leur faut à tout prix trouver une solution avant la fin de l'année 2020.

Au début du mois de septembre 2020, Boris Johnson présente une loi au parlement britannique permettant à son gouvernement de ne pas respecter ses engagements dans l’accord de retrait. Bruxelles menace alors d’en référer à la Cour européenne de justice. Les relations sont à nouveau tendues entre le Royaume-Uni et l'Union européenne. 

Après avoir prolongé à plusieurs reprises les négociatons, le premier ministre britannique et la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen ont arraché à la veille de Noël, ce 24 décembre, un compromis historique à une semaine de la fin de période de transition, sauvant ainsi tous les efforts entrepris toutes ces années.