Accrochage frontalier : fusillade entre garde-frontières pakistanais et afghans

Une fusillade a éclaté ce lundi 12 août entre des garde-frontières afghans et pakistanais au poste-frontière de Torkham, selon un porte-parole taliban. Les autorités des deux Etats se renvoient la responsabilité de l’origine de l’incident ayant causé 3 morts afghans.

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Carte Torkham
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Le gouvernement taliban a annoncé la mort de trois civils afghans, une femme et deux enfants, au cours de l’incident. Les garde-frontières pakistanais auraient « pris pour cible des maisons de civils » selon le porte-parole taliban de l’Intérieur Abdul Mateen Qani. Le Pakistan de son côté déplore trois membres de ses forces de sécurité blessés suite à la fusillade. Le poste frontière de Torkham a depuis été fermé.

Accrochage autour d'un poste-frontière

Située à 50 kilomètres à l’Est de la ville de Peshawar et connectant directement Kaboul et Djalalabad à la frontière pakistanaise, Torkham avait déjà vu son point de passage être fermé en septembre 2021 après un précédent affrontement entre gardes-frontières des deux pays.

Les deux partis se renvoient la responsabilité de l’affrontement. Le porte-parole taliban Enayatullah Khwarazmi impute le déclenchement de l’incident au Pakistan. Celui-ci dément. Il accuse les forces afghanes d’avoir « ouvert le feu » en premier, forçant les garde-frontières pakistanais à « riposter ». Des armes lourdes auraient été employés des deux côtés lors de l’affrontement selon un officiel pakistanais local.

Toujours selon cet officiel, la confrontation entre forces afghanes et pakistanaises aurait éclaté du fait de tensions autour de la construction par le gouvernement taliban d’un nouveau poste frontalier sans la bénédiction des autorités pakistanaises et, selon le responsable, en violation des règlementations internationales.

Un lieu stratégique

Point de passage important et stratégique entre les deux pays, Torkham aura vu le nombre d’accrochages dans sa région augmenter depuis le retour au pouvoir des fondamentalistes voilà trois ans en août 2021, alors que les tensions entre les deux états se cristallisent depuis lors.

Les autorités pakistanaises n’ont pour l’instant pas fait de commentaire au sujet des trois civils ayant perdu la vie lors de l’affrontement.

Des tensions fréquentes

Le Pakistan accuse fréquemment le gouvernement taliban d’Afghanistan de soutenir et d’abriter les groupes de la mouvance Tehrik-e-Taliban Pakistan (Taliban pakistanais), lesquels opèrent dans cette région frontalière. Ces derniers seraient d’après des analystes, plus audacieux dans leurs attaques contre le gouvernement d’Islamabad depuis la prise de Kaboul par leurs homologues afghans. Les autorités afghanes ont toujours refusé de freiner les activités de ces groupes sur leur territoire.

En mars dernier, des raids aériens conduits par le Pakistan dans les provinces de Khost et Paktika ciblant des membres des Taliban pakistanais avaient causé huit morts civiles selon les autorités afghanes. L’incident avait conduit l’Afghanistan à procéder à des tirs de mortier sur des positions militaires pakistanaises, blessant des civils et des militaires. Ce même incident était lié à une attaque par un groupe kamikaze des Taliban pakistanais lancée deux jours plus tôt sur un point de contrôle, tuant sept soldats pakistanais.

La mouvance Tehrik-e-Taliban est un mouvement formé en 2007, séparé des Taliban de Kaboul, bien que ceux-ci figurent parmi leurs plus proches alliés. Leur objectif affiché depuis lors est de renverser le pouvoir pakistanais en place et ils sont responsables de la majorité des attaques terroristes commises au Pakistan. Au cours de l’année 2023, près de 500 personnes ont perdu la vie du fait d’attaques conduites par les Taliban pakistanais.