Fil d'Ariane
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- Affaire Dutroux: 20 ans après, Carine Russo publie...
Il y a 20 ans tout juste aujourd'hui, un moment sordide meurtrissait la Belgique. C'était le 17 août 1996. Ce jour-là est dans toutes les mémoires. Celui où les corps de Mélissa Russo et Julie Lejeune sont retrouvés à Sars-la-Buissière, victimes de Marc Dutroux. Vingt ans après les faits, la maman de Mélissa, Carine Russo, publie un livre dans lequel elle s'adresse à sa fille.
"J’ai été sollicitée très souvent pour écrire, écrire un livre, un témoignage, comme d’ailleurs d’autres parents, mais je ne m’y suis jamais résolue parce que, encore une fois, c’était une exposition de plus, etc. Et puis, ces deux dernières années, il m’a semblé qu’au fur et à mesure des années qui se sont écoulées, un phénomène de banalisation s’était vraiment installé", explique Carine Russo.
"On avait focalisé de plus en plus sur l’histoire d’un couple infernal et, petit à petit, l’image de ce couple infernal devenait un peu comme un arbre qui cache la forêt, qui occultait même jusqu’au souvenir des petites et de ce qu’elles avaient vraiment vécu. Et donc, c’est aussi pour Mélissa que je le fais", confie-t-elle.
"On n’a jamais su, au fond, qui a enlevé les petites."
Il y a cette promesse qui apparaît assez vite dans votre livre : lutter pour un monde meilleur et ça commence par le rétablissement de la vérité, la lutte, la résistance contre une légende. C’est quoi cette légende ?
"Après le procès, on a eu le sentiment qu’une vérité était établie mais, pour nous, ce n’était pas le cas du tout parce que nous sommes restés avec nos questions. En fait, le procès n’a pas répondu à nos questions essentielles. On n’a jamais su, au fond, qui a enlevé les petites. Personne n’a été inculpé, condamné pour l’enlèvement des petites. D’ailleurs, il n’y a même pas eu de reconstitution parce qu’il n’y avait personne à mettre sur les lieux de la reconstitution".
La thèse de la justice? C’est quelque chose qui n’est pas tenable.
Dans votre livre, vous dites aussi qu’il y a une incongruité à accepter la thèse de Marc Dutroux qui dit que les petites sont mortes de faim parce qu’il était en prison et qu’elles sont mortes quelques heures après sa libération le 21 mars 1996, ce qui voudrait dire qu’elles auraient vécu 104 jours sans manger, sans boire?
C’est quelque chose qui n’est pas tenable. C’est la thèse de la justice. C’est finalement ce qu’on va laisser entendre comme vérité par rapport à cette histoire pour toujours...
Quand j’ai écrit ces lignes, en les relisant, j’en ai souri moi-même.
Vous terminez malgré tout votre livre par une très belle note d’espoir en fait. Vous nous arrachez presque un sourire en vous traitant de 'comique' ou de 'romantique' parce que vous croyez toujours en ce monde meilleur?
Quand j’ai écrit ces lignes, en les relisant je me suis étonnée moi-même, donc j’en ai souri moi-même. Je me suis dit "malgré tout c’est plus fort que moi". L’espoir c’est quelque chose qui est en moi, qui est très important pour moi. C’est vraisemblablement comme ça que je tiens et ce qui fait peut-être aussi ma force.
Et en même temps je me disais "pourtant il est arrivé tellement de choses, tu ne devrais plus croire à rien normalement" et c’est ça qui m’a fait sourire de moi. Je me suis dit "mais finalement je suis une comique ou une romantique , mais j’ai la chance d’être comme ça.
C’est un peu inscrit en nous, en moi et en Gino parce que, quand il se passe des événements qui nous semblent particulièrement injustes, scandaleux, ou des atteintes à la vie justement, on en parle. On continue d’avoir besoin de réagir, dans notre quotidien. Nous ne sommes indifférents à rien.