Facebook est dans la tempête depuis les révélations sur les pratiques de la société Cambridge Analytica. Ce dimanche, Marc Zuckerberg a présenté une nouvelle fois ses excuses mais la question centrale reste posée. Comment Cambridge Analytica a-t-elle pu recueillir les données personnelles de 50 millions d'utilisateurs, sans leur consentement et les utiliser pour influencer la campagne présidentielle américaine en 2016 ?
Vendredi soir, les enquêteurs de l'autorité britannique indépendante chargée de la protection des données ont débarqué au siège de la société Cambridge Analytica pour fouiller ses serveurs. Ils étaient à la recherche de tout élément qui viendrait confirmer les soupcons d'utilisation de millions de données personnelles siphonées sur Facebook à l'insu de leurs propriétaires et utilisées à des fins politiques. Ils en sont repartis 7 heures plus tard.
La perquisition est survenue une semaine après le retentissant scandale déclenché par les confidences d'un ancien employé de Cambridge Analytica au journal le Guardian.
Guerre d'influence
La société a collecté et analysé des dizaines de millions de données, explique Christopher Wylie. C'était mon job, ajoute celui qui se dit aujourd'hui repenti. Wylie travaillait pour Steeve Bannon qui pilotait Cambridge Anaytica, et faisait campagne pour Trump, avec le soutien des milliardaires américains Mercer, père et fille. Bannon voulait des outils pour cibler les électeurs dans sa guerre d'influence sur les réseaux sociaux . On lui a fourni, ajoute Wylie.
Cambridge Analytica a-t-elle agi pour faire élire Trump ? Alexander Nix, le PDG, s'en vante ouvertement dans un document de Channel 4, filmé en camera cachée.
Suspendu depuis le temps de l'enquête, et sommé de s'expliquer, Nix - comme Cambridge Anaytica - dément tout vol de données, insistant avoir agi légalement. Un dossier aux multiples ramifications, aux Etats-Unis comme en Europe. Les politiques demandent des comptes et le débat s'oriente vers Facebook.
Faut il quitter le réseau social Facebook ?
Les appels se multiplient avec le hashtag #deletefacebook. Plusieurs grands noms de la tech s'y joignent, notamment Brian Acton, co-fondateur de WhatsApp, racheté par Facebook.
Mark Zuckerberg admet "des erreurs".
La question de fond est celle de la sécurité des données personnelles à l'heure de l'hyper-connectivité. Les experts le disent : c'est l'ensemble du système qui est vulnérable à la manipulation. Et comme l'auto-régulation ne marche pas, la règlementation apparaît nécessaire.