Fil d'Ariane
Le parquet national financier (PNF) français annonce ce mercredi 6 avril qu'une enquête préliminaire est ouverte depuis le 31 mars pour blanchiment aggravé de fraude fiscale. Elle fait suite aux accusations d'une commission d'enquête du Sénat sur l'influence des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques d’Emmanuel Macron.
Un rapport de la Commission d'enquête du Sénat a mis en lumière les recours très nombreux à ces cabinets privés pendant le quinquennat d'Emmanuel Macron.
Nouveau rebondissement dans l'affaire McKinsey. Le parquet national financier (PNF) vient d'annoncer qu'il avait ouvert le 31 mars une enquête préliminaire pour blanchiment aggravé de fraude fiscale. Cette enquête fait suite à la sortie un rapport sénatorial, paru deux semaines plus tôt, faisant état de l'utilisation abusive des cabinets de conseil par le gouvernement d'Emmanuel Macron et plus précisément du cabinet américain McKinsey.
L'ouverture de l’enquête fait suite à "des vérifications" établies par le PNF, a précisé son représentant, Jean-François Bohnert, ce mercredi 6 avril. Le communiqué ne mentionne toutefois pas le nom de McKinsey. Elle est maintenant confiée au Service d'enquêtes judiciaires des finances (SEJF).
Dans ses conclusions, remises le 16 mars dernier, le rapport sénatorial assure que les contrats conclus par l’État avec les cabinets de consultants comme McKinsey avaient "plus que doublé" entre 2018 et 2021, atteignant un montant record de plus d'un milliard d'euros en 2021.
Elle accuse en particulier les entités françaises du cabinet McKinsey d'"optimisation fiscale", de telle sorte qu'elles n'auraient versé aucun impôt sur les sociétés entre 2011 et 2020.
McKinsey se défend et affirme respecter les règles fiscales françaises. Le cabinet de conseil précise que l'une de ses filiales a payé l'impôt sur les sociétés durant les six dernières années, la même période pendant laquelle le Sénat l'accuse d'optimisation fiscale.
S'il y a des preuves de manipulation, que ça aille au pénal
Emannuel Macron, président de la république française
Les opposants politiques du président sortant demandent de manière répétée l'ouverture d'une enquête depuis le 16 mars dernier. En plus des optimisations fiscales, ils dénoncent le favoritisme accordé au cabinet américain McKinsey par le chef de l'État Emmanuel Macron, contrevenant aux lois du marché et des appels d'offres.
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Le président sortant, candidat à une réélection, a estimé notamment que le non-paiement de l'impôt sur les sociétés par McKinsey s'expliquait par les règles fiscales en vigueur. "S'il y a des preuves de manipulation, que ça aille au pénal", se défendait le 27 mars Emmanuel Macron à ceux qui lui reprochent ces nombreux contrats.
Le chef de file des députés de la majorité présidentielle LREM, Christophe Castaner, dénonce une "opération politique".
"Nous assumons. L’État a toujours eu recours à des cabinets de conseil depuis le début des années 2000. Valérie Pécresse a mis en œuvre la loi de réforme de l'université en s'appuyant sur des cabinets de conseil. À droite comme à gauche, ils dirigent des collectivités territoriales qui ont recours à eux", a affirmé de son côté le même jour le ministre des Comptes publics Olivier Dussot sur Radio J.
Opération politique ou non, l’affaire pourrait bien avoir une incidence sur les élections présidentielle françaises, dont le premier tour se tiendra ce dimanche 10 avril.
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