Affaire Rokia Traoré : la star malienne reste en prison

Rokia Traoré extradée vers la Belgique ? La décision, très attendue, devait être rendue par la chambre d'instruction du tribunal de Paris, à l’issue de l’audience du mercredi 18 mars. Pour le moment, la chanteuse malienne, toujours en grève de la faim, reste derrière les barreaux.
 
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RTRAORE
Rokia Traoré  à San Francisco, le 22 novembre 2013.
© Wikimedia Commons
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C'est au Palais de justice de Paris que se jouait l'acte II de l'affaire Rokia Traoré. Ce mercredi 18 mars, la justice française a décidé de reporter son délibéré au 25 mars. Le tribunal se laisse une semaine pour étudier les requêtes de mise en liberté déposées par son avocat. En attendant, pas de libération immédiate, ni renvoi de la chanteuse en Belgique. Contactée par TV5MONDE, sa sœur Naba Traoré, ne souhaite pas s'exprimer.

Depuis le 11 mars, Rokia Traoré, “ambassadrice” de la musique malienne, chevalière des Arts et Lettres, est détenue dans le quartier des femmes de la prison de Fleury-Mérogis en France.

Estimant sa détention abusive et inéquitable, la chanteuse a entamé une grève de la faim. C’est d’ailleurs en soulevant le motif de la santé que son avocat a déposé des requêtes de mise en liberté comme le prévoit l’article 147-1 du code pénal français.

Le drame familial de Rokia Traoré

 

Arrêtée lors d’une escale à Paris, elle devait se rendre en Belgique pour plaider sa cause dans le cadre d’un conflit l’opposant à son ex compagnon belge, le directeur artistique Jan Goosens.

Ce dernier a obtenu la garde exclusive de leur fille en Belgique. Une décision différente de celle de la justice malienne qui a décidé d'accorder la garde exclusive à Rokia Traoré. La justice belge la poursuit pour “enlèvement, séquestration et prise d’otage” après son refus de remettre sa fille au père, qu’elle accuse de s’être livré à des attouchements sexuels sur la petite.

Rokia Traoré a porté plainte à trois reprises. Dans le quotidien belge néerlandophone De Standaard (l’Etendard), Jan Goosens, 49 ans, se défend en ces termes : “Toutes les accusations terribles et fausses ont fait l'objet d'une enquête et ont été abandonnées. Il est douloureux (…) d'être confronté à une campagne médiatique dans laquelle des tentatives sont faites pour politiser et culturaliser cette question sur la base de fausses informations manipulées.”  
 

Solidarité internationale


L'arrestation de Rokia Traoré provoque une vague d’indignation dans le monde. Le quotidien Libération a publié une tribune appelant à sa remise en liberté. Le texte est signé par des personnalités des mondes culturel, politique et médiatique comme la journaliste Laure Adler, le philosophe Edgar Morin, l’historien Achille Mbembé ou l’acteur Omar Sy.

Sur son compte Twitter, l'ex-garde des sceaux Christiane Taubira a partagé la tribune en déplorant le manque de "cohérence" de la justice. À Bamako, ses proches avaient organisé un sit-in, devant l’ambassade de Belgique - annulé en raison du coronavirus. En ligne, la pétition de soutien a déjà recueilli plus de 27000 signatures dont celle de Youssou N’dour, musicien, chanteur et homme politique sénégalais.
 

 Sous le mot dièse #FreeRokiaTraore, les internautes appellent à sa libération sur Twitter. Le groupe d’activistes féministes FEMEN a également relayé la campagne, tout comme la journaliste et militante féministe antiraciste Rokhaya Diallo.

Au niveau politique, le gouvernement malien a exprimé sa solidarité envers Rokia Traoré. Une mobilisation générale qui n'a pas suffi à faire libérer l’artiste, nommée ambassadrice de bonne volonté par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) depuis 2016. Actuellement, l'artiste risque cinq ans de prison en Belgique.