Les rétorsions se poursuivent entre Moscou et les pays occidentaux dans le sillage de l'affaire Skripal (un agent-double accusé par Londres d'avoir été empoisonné le 4 mars 2018 par la Russie). Après les 60 diplomates russes expulsés des Etats-Unis, le Kremlin expulse à son tour 60 diplomates américains. Et ferme le consulat de Saint-Pétersbourg. Les pays européens sont aussi touchés. Au total, Moscou va expulser 121 diplomates.
Mise à jour du 31/03/18
Selon un décompte effectué par l'AFP, 59 diplomates originaires d'une vingtaine d'Etats vont être expulsés de Russie après les mesures annoncées vendredi. A ce chiffre doit s'ajouter les représailles de Moscou contre deux diplomates australiens. Au total, avec les Américains, ce sont 121 diplomates en poste en Russie qui devront quitter le pays. "Compte tenu du fait que la Belgique, la Hongrie, la Géorgie et le Monténégro ont décidé au dernier moment de rejoindre ce mouvement, la Russie se réserve le droit de prendre des mesures" à leur égard à l'avenir, a précisé la diplomatie russe. Par ailleurs, l'ambassade de Russie à Londres a dénoncé dans un communiqué une perquisition menée --selon elle "en violation des règlements en vigueur"--, à bord d'un Airbus de la compagnie Aeroflot à l'aéroport de Heathrow par les autorités aéroportuaires britanniques. L'ambassade a qualifié l'incident de "nouvelle provocation flagrante des autorités britanniques" et demandé des explications auprès du Foreign office. La police métropolitaine britannique a affirmé n'avoir pas été impliquée dans une telle perquisition.
Mise à jour du 30/03/18 :
La Russie a commencé vendredi à prendre des mesures de rétorsion contre les pays européens ayant décidé la semaine dernière d'expulser des diplomates russes dans le cadre de l'affaire Skripal, dans ce qui est la plus importante vague d'expulsions croisées de diplomates de l'Histoire. Les ambassadeurs de 23 pays de l'Union européenne parmi lesquels la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, l'Italie et la Pologne ont été convoqués au ministère russe des Affaires étrangères, qui leur a signifié l'expulsion de plus de 50 diplomates russes.
Moscou a aussi décidé de nouvelles mesures contre la Grande-Bretagne, donnant un mois à Londres pour réduire son personnel diplomatique en Russie au même nombre que celui des diplomates russes présents au Royaume-Uni.
Video : Artem Studennikov, ministre-conseiller à l'Ambassade de Russie en France : "Aucune implication de la Russie n'a été confirmé dans cette affaire".
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La Russie avait déjà pris des mesures de rétorsion vis à vis des Etats-Unis.
La loi du talion s'applique au diplomate près dans les représailles diplomatiques qu'Etats-Unis et Russie se livrent depuis le début de l'affaire Skripal (du nom de l'ex-espion russe empoisonné le 4 mars à Salisbury, dans le sud de l'Angleterre). Et Moscou s'en targue et le confirme par la voix de son chef de la diplomatie Sergueï Lavrov : "Nous expulserons un nombre égal de diplomates". Washington a renvoyé 60 diplomates russes ? Eh bien, le Kremlin en fait de même. Tout en ordonnant également la fermeture du consulat des Etats-Unis à Saint-Pétersbourg.
La Russie avait d'ailleurs précisé qu'elle n'hésiterait pas à prendre des mesures de réciprocité, peu après l’annonce de l’expulsion de plus d’une centaine de diplomates russes par une vingtaine de pays, dont 60 rien qu’aux Etats-Unis. C'est chose faite.
Les diplomates américains concernés devront quitter le sol russe au plus tard le 5 avril prochain, quant au consulat américain de Saint-Pétersbourg, il devra cesser toute activité dès ce samedi 31 mars.
Parmi les 60 diplomates américains visés, 58 travaillent à Moscou, les deux autres sont employés au consulat d’Ekaterinbourg, une ville située dans l’Oural.
Quant aux Etats-Unis, ils ont aussitôt laissé entendre la menace d'une contre-riposte.
Guerre des rispostes, guerre froide
Depuis bientôt un mois, l’affaire Skripal continue donc de détériorer les relations entre Washington et Moscou, laissant planer un parfum de Guerre froide de plus en plus prononcé.
Une escalade diplomatique qui inquiète le secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres : "Je suis vraiment très inquiet. Je pense que nous arrivons à une situation similaire, dans une large mesure, à ce que nous avons vécu pendant la Guerre froide, mais avec deux différences très importantes. Pendant la Guerre froide, il y avait clairement deux superpuissances qui contrôlaient complètement la situation de deux régions du monde. (...) D'autre part, pendant la Guerre froide, il y avait des mécanismes de communication et de contrôle pour éviter l'escalade des incidents, (...) ces mécanismes ont été démantelés (...). Je crois que des mécanismes de ce genre sont à nouveau nécessaires. »
Si l'expulsion bilatérale de diplomates est une vieille pratique de la Guerre froide, à l'impact limité selon un spécialiste, les nouvelles options explorées par les Etats-Unis pourraient faire franchir un cap à la détérioration des relations russo-américaines.
Or, le département d’Etat américain s’est réservé "le droit de répondre" en examinant "différentes options". Parmi lesquelles, s’intéresser de plus près aux affaires des oligarques russes en Occident, notamment au Royaume-Uni. Une décision qui ferait "très vite monter la tension", selon le Los Angeles Times.
Quant au New York Times, il souligne que les premières victimes de ces expulsions sont les services de renseignement eux-mêmes. De part et d'autres. "Les responsables occidentaux affirment que la plupart des Russes sont des espions et que les expulsions vont entraver le renseignement russe" écrit le grand quotidien américain. Mais ils ne seront pas les seuls. L'espion sous couverture d'attaché (souvent culturel) à l'ambassade n'est pas le seul apanage des Russes ! Il en existe un peu partout, aux Etats-Unis comme chez ses alliés, et la riposte russe risque d'entraver l’espionnage occidental tout autant.