Les forces afghanes repoussent les talibans à Sheberghan, capitale de la province septentrionale de Jawzjan et à Spin Boldak, localité stratégique située près de la frontière avec le Pakistan.
Les forces afghanes ont lancé ce 16 juillet une offensive pour reprendre la localité stratégique de Spin Boldak (Sud), près de la frontière avec le Pakistan, dont se sont emparés mercredi les talibans, a annoncé le porte-parole de la police de la province de Kandahar Jamal Nasir Barakzai.
"Les forces afghanes sont entrées dans le marché de Spin Boldak et les talibans ont reculé. Il y a d'intenses combats entre les talibans et les forces afghanes en ce moment même", a déclaré la veille dans la matinée, l'un d'eux, Mohammad Zahir, à l'Agence France Presse.
Les talibans se sont emparés le 14 juillet de Spin Boldak, verrou sur la route d'une centaine de kilomètres reliant Kandahar, capitale provinciale et grande ville du Sud afghan, à la frontière pakistanaise.
Ils ont également pris le contrôle du poste-frontière situé à une trentaine de km de la localité, important point de passage entre l'Afghanistan et le Pakistan et noeud de commerce transfrontalier, qui connecte en outre l'Afghanistan, enclavé, à la route menant au port pakistanais de Karachi, sur la mer d'Arabie.
(Re)voir : En Afghanistan, l'irrésistible avancée des talibans
Ce passage débouche sur la province pakistanaise du Baloutchistan (Sud-Ouest), réputée abriter une partie de la direction des talibans, dans la ville pakistanaise de Quetta, où les blessés talibans vont se soigner.
Côté pakistanais de la frontière, un correspondant de l'AFP a croisé un convoi de trois véhicules transportant huit blessés et un mort, à environ 5 km du poste-frontière pakistanais de Chaman.
Un homme se présentant comme un taliban appelé mollah Muhammad Hassan lui a déclaré que les
"forces afghanes ont attaqué (...) Spin Boldak ce (vendredi) matin".
"Nous avons enregistré un mort et des dizaines de nos combattants ont été blessés", a-t-il ajouté.
Un photographe de l’agence Reuters, Danish Siddiqui, lauréat du prix Pulitzer, et un haut gradé afghan ont été tués par des tirs talibans lors de ces combats pour reprendre cette localité stratégique.
Offensive vers Sheberghan, à la frontière du Turkmenistan
L’armée afghane a également lancé une offensive pour bloquer l’avancée des talibans vers la ville de Sheberghan, capitale de la province septentrionale de Jawzjan et bastion du maréchal Abdul Rashid Dostom, célèbre chef de guerre antitalibans, a annoncé le vice-gouverneur provincial.
"Les talibans se sont initialement emparés de l'entrée de Sheberghan, sur la route venant de (la province voisine de) Sar-e-pul, mais ne sont pas entrés en ville. Les forces gouvernementales affrontent désormais les talibans. Les deux camps avancent et reculent, aucun n'a pris le contrôle total des portes de la ville", a déclaré à l'Agence France Presse Qader Malia.
La province de Jawzjan, frontalière du Turkménistan, est voisine de celle de Mazar-i-Sharif, dont la capitale du même nom est la grande ville du Nord afghan.
Un porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, a indiqué à l'AFP que les talibans s'étaient
"emparés de la porte de Sheberghan (...) et avaient atteint la ville", assurant que
"les milices de Dostom avaient fui la localité". Il n'était pas possible de vérifier dans l'immédiat la situation sur le terrain de manière indépendante.
Puissant dirigeant d'ethnie ouzbek, Abdul Rashid Dostom, 67 ans, est un chef de guerre très influent sur la scène politique afghane, malgré les crimes de guerre dont il est accusé, notamment la mort de 2.000 talibans en 2001, laissés enfermés dans des conteneurs, accusations qu'il a toujours niées.
Pendant ce temps, se déroule la conférence de l'Asie centrale et du sud à Tachkent en Ouzbekistan. Quarante délégués de cette région du monde s'y réunissent à l'initiative de cette ancienne république soviétique, les 15 et 16 juillet. Plusieurs des acteurs principaux de ce conflit y participent: le président afghan Ashraf Ghani et le premier ministre pakistanais Imran Khan, ainsi que le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell et le ministre des Affaires étrangères russes, Sergueï Lavrov.