Fil d'Ariane
Le président Ashraf Ghani a fui l'Afghanistan dimanche, laissant de fait le pouvoir aux talibans qui ont atteint Kaboul, symbole de leur victoire militaire totale en tout juste 10 jours. Le mouvement islamiste radical s'apprête à revenir au pouvoir, 20 ans après en avoir été chassé par une coalition menée par les États-Unis en raison de son refus de livrer le chef d'Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001. Ils crient victoire dans le palais présidentiel à Kaboul.
Le président afghan Ashraf Ghani a déclaré dimanche avoir fui son pays pour éviter un "bain de sang", reconnaissant que "les talibans ont gagné". Le président Ghani, qui n'a pas précisé où il était parti, s'est déclaré convaincu que "d'innombrables patriotes auraient été tués et que Kaboul aurait été détruite" qu'il était resté en Afghanistan. "Les talibans ont gagné (...) et sont à présent responsables de l'honneur, de la possession et de l'auto-préservation de leur pays"
Ce départ parachève la déroute des dernières semaines, après sept années au pouvoir au cours desquelles il ne sera pas parvenu à rebâtir son pays, contrairement à ses promesses.
Message sur Facebook du président afghan Ashraf Ghani
Victoria Fontan, Vice-présidente de l'université américaine d'Afghanistan, présente sur place, affirme que les détenus de la prison de Pol-e-Charki de Kaboul auraient déjà été liberés par les talibans.
"L’Émirat islamique ordonne à toutes ses forces d'attendre aux portes de Kaboul, de ne pas essayer d'entrer dans le ville", a affirmé sur twitter Zabihullah Mujahid, un porte-parole des talibans. "Il y a des combattants talibans armés dans notre quartier, mais il n'y a pas de combats", a toutefois déclaré à l'AFP un habitant d'une banlieue située à l'est de la capitale.
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Un "transfert pacifique du pouvoir" vers un gouvernement de transition va avoir lieu en Afghanistan, où les talibans sont proches de prendre le contrôle total du pays, a affirmé dimanche le ministre afghan de l'Intérieur, Abdul Sattar Mirzakwal.
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"Les Afghans ne doivent pas s'inquiéter (...) Il n'y aura pas d'attaque sur la ville (de Kaboul). Et il y aura un transfert pacifique du pouvoir vers un gouvernement de transition", a déclaré M. Mirzakwal dans un message vidéo.
La Russie ne prévoit pas d'évacuer son ambassade à Kaboul, alors que les combattants talibans sont aux portes de la capitale afghane, a indiqué dimanche un responsable du ministère russe des Affaires étrangères à l'agence Interfax. "Aucune évacuation n'est prévue".
Zamir Kabulov, envoyé présidentiel russe en Afghanistan, a indiqué être "en contact direct" avec l'ambassadeur russe à Kaboul, ajoutant que les employés de l'ambassade continuaient à travailler dans "le calme".
Moscou dit par ailleurs oeuvrer avec des "partenaires" pour convoquer une réunion d'urgence de l'ONU sur l'Afghanistan.
La Russie fait partie des pays ayant reçu des garanties de la part des talibans quant à la sécurité de son ambassade, a expliqué par ailleurs ce fonctionnaire cité par l'agence RIA Novosty.
"Nous avons reçu ces garanties il y a déjà un certain temps. La Russie n'a pas été la seule à les avoir reçues", a-t-il précisé selon cette agence.
Face à l'effondrement de l'armée afghane, le président américain, Joe Biden, a porté à 5.000 soldats le déploiement militaire à l'aéroport de Kaboul pour évacuer les diplomates américains et des civils afghans ayant coopéré avec les États-Unis qui craignent pour leur vie.
Le ministère français des Affaires étrangères a annoncé dimanche qu'elle déployait des renforts militaires aux Emirats arabes unis pour faciliter l'évacuation de ses ressortissants, après avoir déplacé son ambassade à l'aéroport de Kaboul.
Londres a parallèlement annoncé le redéploiement de 600 militaires pour aider les ressortissants britanniques à partir. Plusieurs pays occidentaux vont réduire au strict minimum leur présence, voire fermer provisoirement leur ambassade.
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