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Afghanistan : législatives sur fond de terreur

Le vote a commencé, ce samedi, en Afghanistan, sur fond de peur des attentats : les talibans, comme le groupe Etat islamique, avaient promis d'attaquer les centres électoraux - ils ont mis leurs menaces à exécution.

Depuis les premières heures de ce samedi, près de 9 millions d'électeurs sont appelés à renouveler les 249 sièges de leur Parlement - 2500 candidats sont en lice, dont 217 femmes. Il s'agit pour la plupart d'élus déjà établis, de descendants de seigneurs de la guerre, d'hommes d'affaires ou de membres de la société civile.

Tôt ce matin, le président Ashraf Ghani a montré l'exemple, appelant la population à faire usage de son droit, celui de voter : "Je viens de voter... Aujourd'hui, nous montrons ensemble que nous défendons la démocratie. En déposant notre bulletin dans l'urne, nous rendons hommage à toutes les victimes du terrorisme."


Plus de 5 000 bureaux de votes ont ouvert dans les zones du pays sous contrôle du gouvernement, mais pour des raisons de sécurité, dans les territoires contrôlés par les talibans, 2000 centres de vote n'ouvriront pas.

Quelque 54 000 membres des forces de sécurité ont été mobilisés pour assurer la protection des électeurs, auxquels s'ajoutent 20 000 hommes déployés à la dernière minute pour tenter de faire face aux menaces des talibans et du groupe Etat islamique. 

Dans la capitale partiellement bouclée par des barrages lourdement armés, la plupart des axes routiers sont interdits aux véhicules. Même les motos, susceptibles de transporter une charge explosive ou un kamikaze, sont bannies.

Malgré les risques qu'ils encourent, les électeurs sont nombreux à se mobiliser et, à Kaboul, une longue file d'attente s'étirait tôt samedi matin devant les centres électoraux.

"Je suis venu voter en risquant ma vie. Je suis inquiet pour ma sécurité", avoue Asadullah, 22 ans, alors qu'il fait la queue devant un centre de vote de Mazar-i-Sharif, dans le nord du pays. "Mais nous devons défier les talibans et sortir en grand nombre voter, car c'est un jour historique pour nous", ajoute-t-il. Les talibans ont averti à plusieurs reprises ces dernières semaines qu'ils allaient recourir à la violence pour faire échouer le processus démocratique, à leurs yeux illégitime.

De fait, à 7 heures (TU), plusieurs explosions ont déjà été entendues à Kaboul et dans d'autres villes du pays.

Des centaines de personnes ont déjà été tuées ou blessées lors d'attentats en lien avec le scrutin ces derniers mois. Et au moins 10 candidats ont été tués, la plupart dans des attaques ciblées. Une spectaculaire attaque talibane a coûté jeudi la vie au puissant chef de la police de Kandahar, le général Abdul Raziq dans un complexe ultra-sécurisé, ce qui pourrait dissuader de nombreux électeurs de se rendre aux urnes.

Organisée avec trois ans de retard, cette élection parlementaire est la troisième, après celles de 2005 et de 2010, depuis l'intervention militaire américaine qui a chassé les talibans du pouvoir en 2001. Trois élections présidentielles ont eu lieu en 2004, 2009 et 2014.

Intégrité ?

De nombreux cas d'inscriptions multiples ont été découverts, laissant craindre des tentatives de bourrage d'urnes. Pour tenter de prévenir la fraude, la Commission électorale indépendante qui organise l'élection a accédé aux demandes des partis d'opposition qui réclamaient un vote biométrique. Or cette initiative, inédite dans le pays se heurte à de nombreux problèmes logistiques.

Ce scrutin législatif est considéré comme un test crucial en vue de l'élection présidentielle de l'année prochaine. C'est également une étape importante avant la réunion de l'ONU prévue en novembre à Genève, où l'Afghanistan devra démontrer les progrès effectués en matière de "processus démocratique".