Un attentat kamikaze revendiqué par l'Etat islamique (EI) a fait au moins 63 morts et blessé 182 personnes samedi soir lors des festivités autour d'un mariage à Kaboul.
Un attentat kamikaze revendiqué par l'Etat islamique (EI) a fait au moins 63 morts et blessé 182 personnes samedi soir lors des festivités autour d'un mariage à Kaboul, au moment où la population afghane espère un accord imminent entre Etats-Unis et talibans. "Parmi les victimes il y a des femmes et des enfants", a affirmé le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Nasrat Rahimi selon lequel l'attentat est l'oeuvre d'un "kamikaze". "Les participants dansaient et faisaient la fête quand l'explosion s'est produite" peu avant 23H00 (18H30 GMT), a témoigné un invité blessé par des éclats aux bras et à l'abdomen. "C'était le chaos, une scène de massacre et de carnage", a dit d'une voix tremblante un autre blessé de 22 ans, interrogé sur son lit d'hôpital par l'AFP. Selon Hameed Quresh, qui a perdu un de ses frères dans l'explosion, plus de 1.000 personnes participaient aux festivités. Les mariages en Afghanistan réunissent plusieurs centaines d'invités, réunis dans la capitale dans de grands complexes en périphérie de Kaboul, où hommes et femmes, généralement séparés dans deux salles différentes, dinent puis dansent au son d'un groupe de musique. Les talibans, qui livrent une guerre d'insurrection depuis qu'ils ont été chassés du pouvoir en 2001 par une coalition menée par les Etats-Unis, ont rapidement nié toute implication. L'attentat a été revendiqué dimanche après-midi par la branche afghane de l'EI. "Le frère kamikaze (...) a réussi à atteindre un grand regroupement d'apostats", a écrit le groupe djihadiste sur son compte Telegram. L'EI, des islamistes radicaux sunnites, a pris à plusieurs reprises pour cible la communauté chiite d'Afghanistan, dont les familles des mariés faisaient partie.
- "Ils ont changé mon bonheur en chagrin" -
"Les talibans ne peuvent s'exonérer de tout blâme car ils servent de plate-forme aux terroristes", a réagi le président Ashraf Ghani, qualifiant l'attentat de "barbare" alors qu'il s'apprête à célébrer lundi le centaine de l'indépendance afghane vis-à-vis de l'influence britannique. "Ils ont changé mon bonheur en chagrin. J'ai perdu mon frère, mes amis, ma famille. Je ne pourrai plus jamais être heureux", a témoigné auprès de la télévision locale le marié, prénommé Mirwais. "Hier après-midi, les invités sont venus à mon mariage avec des visages souriants, le soir, on sortait leurs corps de la salle" de mariage, s'est-il désolé, indiquant que sa femme "ne cesse de s'évanouir". Au petit matin, dans la salle aux vitres soufflées et au plafond effondré, témoins de la violence de l'explosion, le sol était maculé de sang, selon un photographe de l'AFP. Des chaussures laissées là dans la panique étaient empilées devant l'entrée. Des enterrements étaient immédiatement organisés dans les cimetières de la ville, selon des images de la télévision locale montrant des proches mettant en terre 14 membres d'une même famille.
- "Attaque inhumaine" -
De nombreux messages de condamnations ont afflué des ambassades présentes en Afghanistan, des missions de l'Otan et de l'ONU. Le chef de l'exécutif Abdullah Abdullah a déclaré que "cette attaque odieuse et inhumaine est bien un crime contre l'humanité". "Il est tout aussi douloureux de voir le monde fermer les yeux alors que cette souffrance insupportable de notre peuple aux mains des terroristes est largement ignorée au-delà des frontières", a réagi sur Twitter le chef de cabinet des services secrets afghans, Rafi Fazil. L'attentat de samedi est survenu alors que la population afghane, exaspérée par la violence aveugle, espère la conclusion d'un accord entre les Etats-Unis et les talibans qui ouvrirait la voie à des négociations de paix entre le gouvernement afghan et le groupe insurgé. Plusieurs sources américaines laissaient entendre ces derniers jours qu'un accord pourrait être imminent, mais certains points restent à régler. L'envoyé spécial Zalmay Khalilzad, à la tête de l'équipe de négociation américaine, pourrait à nouveau se rendre dans la région dans les prochains jours afin de poursuivre, voire finaliser, les négociations. L'accord porterait sur un retrait progressif des 14.000 soldats américains en échange de la promesse que les miliciens islamistes, qui ont longtemps hébergé Al-Qaïda, ne permettraient pas que l'Afghanistan redevienne un abri pour les jihadistes. A l'approche d'un accord, la violence a redoublé dans le pays. L'ONU a révélé que le mois de juillet avait été le plus sanglant depuis mai 2017, avec plus de 1.500 civils tués ou blessés à travers le pays. En 2018, 3.804 civils ont été tués, dont 900 enfants. Samedi matin une voiture familiale a sauté sur une mine artisanale placée sur une route dans la province de Balkh. Les 11 passagers, tous issus d'une même famille, sont morts, a indiqué le gouverneur du district de Dawlat Abad, Mohammad Yosuf. Selon Adil Shah, porte-parole du gouverneur de la province, "les forces de sécurité ont combattu dans la région les talibans" qui "ont posé des bombes en bordure de route".