Fil d'Ariane
Dans un contexte chaotique après le double attentat de l'aéroport de Kaboul, plusieurs pays ont annoncé leur volonté d'arrêter les évacuations dans la capitale afghane. A l'instar de l'Espagne, des Pays-Bas, du Canada ou encore de l'Australie, la Suède annonce avoir terminé ses évacuations. Celles des Britanniques s'achèveront "dans quelques heures", a précisé Londres. La France pourrait, quant à elle, poursuivre ses évacuations d'Afghanistan "au-delà" de ce vendredi soir, date-butoir "imposée" par les Américains.
Joe Biden a affirmé jeudi 26 août, que les évacuations d'Afghanistan se poursuivraient malgré l'attentat qui a tué treize militaires américains et plus de 80 civils afghans près de l'aéroport de Kaboul.
"L'Amérique ne se laissera pas intimider", a déclaré le président des Etats-Unis lors d'un discours à la Maison Blanche. "Nous ne nous laisserons pas décourager par des terroristes. Nous ne les laisserons pas arrêter notre mission. Nous poursuivrons l'évacuation."
Il a aussi répété qu'il respecterait la date butoir du 31 août pour le retrait des troupes américaines d'Afghanistan, malgré les critiques qui l'appellent, y compris au sein de son parti, à rester plus longtemps si nécessaire pour achever l'évacuation.
Il est encore possible d'évacuer les Américains et les Afghans qui sont éligibles "ces prochains jours, entre aujourd'hui et le 31" août, a-t-il affirmé. "Sachant qu'il pourrait très bien y avoir une nouvelle attaque, l'armée a conclu que c'est ce que nous devrions faire. Je pense qu'ils ont raison", a-t-il poursuivi.
La France pourrait, quant à elle, poursuivre ses évacuations d'Afghanistan "au-delà" de vendredi soir, a déclaré ce 27 août le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes Clément Beaune.
"Ca peut aller peut-être au-delà de ce soir mais nous devons rester prudents sur ce sujet", a-t-il relevé sur la radio Europe 1.
Clément Beaune : l'opération d'évacuation menée par les Français en Afghanistan "peut aller au-delà de ce soir (...) Nous continuerons jusqu'à la dernière seconde possible"#Europe1 pic.twitter.com/6toNFDZEi7
— Europe 1 (@Europe1) August 27, 2021
La France avait prévu d'achever son opération ce vendredi soir, date-butoir "imposée" par les Américains, avait indiqué jeudi le premier ministre Jean Castex.
Un calendrier évoqué également vendredi matin par le ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari, qui a fait état des "derniers vols ce soir" sur la chaîne CNews.
Mais la France essaie encore d'évacuer plusieurs centaines d'Afghans, dans un contexte chaotique après le double attentat revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) qui a fait des dizaines de morts, dont treize soldats américains, jeudi à l'aéroport de Kaboul.
"L'attaque terroriste ne doit pas empêcher ces opérations (...) Nous continuerons jusqu'à la dernière seconde possible", a déclaré Clément Beaune.
Il a toutefois laissé entendre que tous les Afghans menacés qui essaient de quitter leur pays ne pourraient sans doute pas le faire.
"Est-ce que cela veut dire que toutes les personnes qui ont travaillé en Afghanistan pour des alliés, pour des Européens pourront quitter l'aéroport ? Sans doute non", a-t-il concédé.
L'opération d'évacuation menée par le Royaume-Uni en Afghanistan va, elle, se terminer "dans quelques heures", a annoncé ce vendredi matin le ministre britannique de la Défense Ben Wallace.
"Dans l'ensemble, l'opération principale est maintenant terminée et nous n'avons plus que quelques heures", pour évacuer un millier de personnes qui se trouvent dans l'enceinte de l'aéroport, a ajouté le ministre.
Près de 14.000 ressortissants britanniques et afghans ont été secourus dans le cadre de la mission britannique depuis la mi-août, a déclaré Ben Wallace, tout en reconnaissant que "la triste réalité c'est que tout le monde ne pourra être évacué".
Interviewé plus tard sur la radio LBC, il a estimé que jusqu'à 150 ressortissants britanniques et entre 800 et 1.100 Afghans éligibles au programme destiné au personnel afghan employé localement par le Royaume-Uni, allaient rester en Afghanistan.
En plus de ce dispositif, le Royaume-Uni compte accueillir les prochaines années 20.000 réfugiés afghans.
Ben Wallace a par ailleurs souligné sur Sky News que les attaques terroristes à Kaboul "n'avaient pas accéléré" la date de départ des Britanniques. Ces derniers quitteront le pays quelques jours avant le retrait des forces américaines prévu le 31 août.
Comme l'Allemagne, les Pays-Bas, le Canada et l'Australie avant elle, l'Espagne a annoncé ce vendredi avoir terminé ses vols d'évacuation.
"Avec ces deux vols, l'évacuation espagnole de coopérants et collaborateurs afghans et de leurs familles est terminée", a annoncé la présidence du gouvernement dans un communiqué.
A bord de ces deux derniers vols, se trouvaient les 81 Espagnols encore en Afghanistan, à savoir le personnel de l'ambassade, ainsi que des militaires de l'armée de Terre et de l'armée de l'Air, mais aussi quatre militaires portugais et 85 collaborateurs afghans de l'Espagne, du Portugal et de l'Otan.
Il est prévu qu'ils arrivent à 14H45 GMT à la base militaire de Torrejón de Ardoz, près de Madrid, via un vol d'Air Europa, a ajouté la présidence du gouvernement.
Au total, les forces armées espagnoles ont évacué durant ce pont aérien 1.900 Afghans, des employés qui travaillaient pour l'Espagne, les Etats-Unis, le Portugal, l'Union Européenne, l'ONU et l'Otan, ainsi que leurs familles, en plus le personnel de l'ambassade d'Espagne à Kaboul, indique-t-on de même source.
La Suède a elle aussi annoncé avoir terminé ce vendredi ses évacuations de Kaboul, après l'exfiltration de plus de 1.100 personnes depuis la prise de contrôle de l'Afghanistan par les talibans.
"Les conditions extrêmement difficiles et risquées ne nous ont pas permis d'évacuer davantage de Suédois et d'employés locaux", a déclaré la ministre des Affaires étrangères suédoise Ann Linde en conférence de presse.
Parmi les évacués se trouvaient des employés de l'ambassade et leurs familles, des gardes locaux et leurs familles, des employés des forces armées et 500 Suédois, a précisé la ministre.
Le pays a également exfiltré des militants des droits des femmes, des journalistes et des employés européens.
Mais la Suède s'est trouvée devant l'impossibilité d'évacuer tous ceux figurant sur la "liste suédoise" répertoriant les personnes ayant besoin d'aide pour quitter l'Afghanistan.
La Norvège a également annoncé jeudi qu'elle terminait ses évacuations. Le nombre d'exfiltrés par le royaume s'élève à 1.098.