Afghanistan : les talibans demandent la libération de 7000 prisonniers contre un cessez-le-feu de 3 mois

Les talibans ont proposé un cessez-le-feu de trois mois en échange de la libération de 7.000 de leurs prisonniers par les autorités afghanes. Et ils consolident leur avancée dans le territoire afghan en prenant le contrôle des frontières.
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Des alliés des talibans se dirigent vers la ville de Chaman au Pakistan point de passage avec l'Afghanistan qui a été repris par les Talibans le 13 juillet
Des alliés des talibans se dirigent vers le poste-frontière de Chaman au Pakistan point de passage avec l'Afghanistan après que les talibans aient pris le contrôle de la route reliant Chaman et Spin Boldak. Ce jeudi 15 juillet, les gardes-frontières pakistanais ont employé des gaz lacrymogènes pour disperser des centaines de personnes qui tentaient de forcer le passage au poste-frontière de Chaman.
© AP Photo/Tariq Achkzai
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Après avoir repris des postes-frontières avec le Pakistan et le Tadjikistan voisins, les talibans proposent un cessez-le-feu en échange de la libération de 7000 de leurs prisonniers. "C'est une exigence considérable", a réagi Nader Nadery, membre de l'équipe gouvernementale de négociations avec les rebelles, en ajoutant que les talibans demandent également que les noms des dirigeants du mouvement soient retirés d'une "liste noire" de l'ONU.

Nader Nadery a rappelé que la précédente libération de 5.000 d'entre eux l'an dernier, qui était la condition posée à l'ouverture des pourparlers interafghans, avait déjà été "une exigence difficile" à remplir et qu’ensuite "la violence n'avait pas cessé et s'était au contraire accrue".

Les pourparlers entre le gouvernement afghan et les rebelles sont au point mort depuis qu'ils ont commencés en septembre à Doha, la capitale du Qatar.

Avancée vers le Pakistan

Les talibans se sont emparés ces deux derniers mois d'importantes portions rurales du territoire afghan, depuis le retrait définitif des troupes étrangères d'Afghanistan, entamé début mai et qui doit s'achever à la fin du mois d’août.

Ils ont pris le contrôle de postes-frontières clés avec l'Iran, le Turkménistan, le Tadjikistan et, depuis le 14 juillet, le Pakistan, voie d'accès à l'océan pour l'Afghanistan, pays enclavé. 

Des habitants ont fait état d'une forte présence des talibans dans la ville frontalière de Weish, notamment dans les bâtiments officiels, ainsi que sur la route reliant Spin Boldak à Kandahar, la capitale provinciale.

(RE)voir : En Afghanistan, l'irrésistible avancée des talibans
 

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Le porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, l’a confirmé dans un communiqué : "nos combattants se sont emparés de (...) Weish, dans la province de Kandahar. Désormais, la route reliant Chaman, Spin Boldak et les douanes de Kandahar sont sous leur contrôle", en assurant à "tous les commerçants et les habitants que leur sécurité est garantie".

(Re)lire : Afghanistan : comment les talibans font croire à la naissance d'un nouvel Etat

Plusieurs heures après l'annonce des talibans, environ 150 de leurs partisans, juchés sur des motos ou entassés dans des voitures et agitant les drapeaux du mouvement, se sont massés du côté pakistanais de la frontière, demandant aux gardes-frontières pakistanais de les laisser entrer en Afghanistan, a constaté un journaliste de l'AFP au poste-frontière pakistanais.

Ce 15 juillet, les gardes-frontières pakistanais ont employé le gaz lacrymogène pour disperser des centaines de personnes qui tentaient de forcer le passage à ce même poste-frontière de Chaman avec l'Afghanistan.

Ce point de passage relie l'Afghanistan à la province pakistanaise du Baloutchistan (sud-ouest), réputée abriter une partie de la direction des talibans dans la ville pakistanaise de Quetta, ou recevoir les blessés talibans qui s'y font soigner.

Prise de contrôle de la frontière avec le Tadjikistan

Moscou a affirmé la semaine dernière que les talibans contrôlaient désormais près des deux tiers de la frontière afghane avec le Tadjikistan. Un millier de soldats afghans s'étaient déjà mis à l'abri dans cette ancienne république soviétique, après des combats avec les talibans.

Liée à Douchanbe, la capitale tadjike, dans le cadre de l'Organisation du traité de sécurité collective, la Russie a assuré qu'elle protégerait le Tadjikistan, où elle maintient deux bases avec au total quelque 7.500 hommes.

Le premier poste-frontière important saisi par les insurgés, en juin, a été celui de Shir Khan Bandar, frontalier du Tadjikistan, un axe névralgique pour les relations économiques avec l'Asie centrale.

Ces réfugiés afghans sont des habitants de la province de Badakhchan, ils ont fui les groupes armés des talibans pour sauver leur vie

Un garde-frontière du Tadjikistan

Près de 350 Afghans se sont rendus au Tadjikistan, a indiqué le 13 juillet l'agence de presse tadjike Khovar, citant les gardes-frontières.

"Ces réfugiés afghans sont des habitants de la province de Badakhchan, ils ont fui les groupes armés des talibans pour sauver leur vie", a indiqué cette source, ajoutant qu'environ la moitié d'entre eux étaient des enfants et que deux bébés sont morts lors du franchissement de la frontière.

Privées du crucial soutien américain, les forces afghanes n'ont offert qu'une faible résistance et ne contrôlent plus essentiellement que les capitales provinciales et les principaux axes routiers.

(Re)voir : Afghanistan : que va-t-il se passer après le départ des forces alliées ?

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