Washington vient de confirmer le retrait de ses militaires chargés de sécuriser l'aéroport, mardi 31 août. L'incertitude plane sur l'avenir de cette infrastucture vitale pour le pays et les Afghans.
Les forces américaines vont bien quitter l'aéroport ce mardi 31 août. Aucune prolongation n'est envisagée. C'est ce qu'a confirmé Ned Price, porte-parole de la diplomatie américaine. Le site sera bien
"rendu aux Afghans". Les talibans ont d'ailleurs annoncé, ce vendredi 27 août, via leur porte-parole avoir repris certaines portion de l'aéroport. Les forces américaines ne contrôlent plus qu'une
"toute petite partie'" du site.
Une fermeture temporaire pas exclue
Une fermeture temporaire de l'aéroport n'est pas exclue. Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a mis l’hypothèse sur la table, mercredi 25 août. Il a notifié la tenue d’échanges « très actifs » entre « pays de la région » pour « jouer un rôle pour garder l’aéroport ouvert » ou « si nécessaire, le rouvrir s’il ferme pour un certain temps. » Les talibans, en effet, n'ont pas la capacité et les compétence pour faire fonctionner l'aéroport.
L’intérêt de la communauté internationale, mais aussi celui des talibans est d’avoir un aéroport civil ouvert et fonctionnel, qui peut être une opportunité pour les Afghans qui souhaiteraient quitter le pays
Ned Price, porte-parole de la diplomatie américaine
Deux jours plus tard, le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price, a confirmé, lors d’une conférence de presse, que « nous [les Américains] allons rendre l’aéroport aux Afghans » après le 31 août. Or, « gérer un aéroport n’est pas une mince affaire, particulièrement dans un endroit comme Kaboul », a-t-il poursuivi.
Il a par ailleurs expliqué que « notre intérêt, l’intérêt de la communauté internationale, mais aussi celui des talibans est d’avoir un aéroport civil ouvert et fonctionnel, qui peut être une opportunité pour les Afghans qui souhaiteraient quitter le pays. »
Quant à disposer d’un service aéroportuaire opérationnel après le départ définitif des troupes étrangères, il a présagé qu’il est « probablement déraisonnable de s’attendre à des opérations aéroportuaires normales le 1er septembre. »
(Re)voir : Afghanistan : les talibans sous la pression du groupe Etat islamique
La Turquie hésitante
Le personnel de l'OTAN gérait jusqu’alors la logistique de l’aéroport, le contrôle du trafic aérien, lapprovisionnement en carburant, les communications. Des forces américaines, britanniques, azerbaïdjanaises mais aussi turques préservaient sa sécurité.
Egalement membre de l’Otan, la Turquie envisage depuis quelques temps de poursuivre cette mission, une fois les troupes étrangères parties.
Or, les talibans souhaitent prendre en charge la sécurité de l’aéroport et céder sa gestion aux Turcs. Une idée à laquelle le président Recep Tayyip Erdogan se montre réticent.
«
Que disent les talibans au sujet de l’aéroport ? Ils disent : « donnez-nous la sécurité et vous l’exploitez. »
Comment pouvons-nous vous confier la sécurité ? », a-t-il commenté, dimanche 29 août, selon l’agence de presse officielle Anadolu. «
Admettons que vous preniez en charge la sécurité, mais alors que dire au monde si un autre bain de sang se produisait là-bas ? Ce n’est pas simple », a-t-il ajouté, en référence à l’attentat survenu trois jours plus tôt aux abords de l’aéroport.
Jeudi 26 août,
un attentat perpétré par le groupe Etat islamique au Khorasan (EI-K) a fait plus de 180 morts et plus de 200 blessés.
Lundi 30 août au matin, ces mêmes terroristes ont revendiqué des tirs de roquette visant l’aéroport de Kaboul. «
Les soldats du califat ont ciblé l’aéroport international de Kaboul avec six roquettes », d’après un communiqué du groupe. Un responsable des talibans a de son côté précisé que cinq roquettes ont été interceptés par le système de défense anti-missile de l’aéroport.
(Re)voir : Afghanistan : attaque de roquettes contre l'aéroport de Kaboul
L' éventuel recours qatari
A noter que des opérateurs privés et d’autres pays, comme le Qatar, prennent également part aux discussions. Le pays est impliqué dans le dossier afghan. C'est notamment à Doha que les responsables talibans et afghans se sont rencontrés pendant plusieurs mois malgré les combats qui les opposaient sur le terrain.
En outre, un autre problème se pose. Selon des responsables américains, l'aéroport ne se trouve pas dans un très bon état. Ceux-ci estiment que peu d'entités dans le monde, hormis l'US Army, peuvent assumer sa charge dans de brefs délais.
Des experts américains et occidentaux du trafic aérien ont achevé une évaluation de l'aéroport Hamid Karzaï pour savoir dans quelle mesure les vols commerciaux pourraient reprendre rapidement, a signifié, vendredi 27 août, Ned Price.
D'autres responsables préviennent sans détour: il n'y aura pas beaucoup d'avions qui accepteront d'atterrir à Kaboul tant que les talibans n'auront pas donné de réelles garanties sur la sécurité et le bon fonctionnement des infrastructures.