Albanie : des centres de rétention de migrants secourus dans les eaux italiennes en construction

La construction de deux centres de rétention de migrants a commencé en Albanie. Ils sont supposés ouvrir le 20 mai et seront gérés par l’Italie. 

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L'Albanie lance la construction, sur le site de l'ancienne base militaire de Gjadër (nord), de deux centres d'accueil de migrants secourus dans les eaux italiennes et transférés ensuite dans le pays, ce 30 mars 2024.

L'Albanie lance la construction, sur le site de l'ancienne base militaire de Gjadër (nord), de deux centres d'accueil de migrants secourus dans les eaux italiennes et transférés ensuite dans le pays, ce 30 mars 2024.

(Capture d'écran AFPTV/TV5MONDE)
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L'Italie va ouvrir en Albanie, un État non membre de l'UE, deux centres pour accueillir des migrants sauvés dans les eaux italiennes. C'est en vertu d'un accord signé à Rome par la Première ministre Giorgia Meloni avec son homologue Edil Rama, que le coup d'envoi des travaux de construction a été lancé ce 31 mars.

  • De quoi s'agit-il ? 

Ces deux centres gérés par l'Italie pourront accueillir jusqu'à 3 000 migrants, soit environ 39 000 par an selon les prévisions, selon un document communiqué à l'AFP par les services du gouvernement.

Ces "deux structures d'entrée et d'accueil temporaire des immigrés sauvés en mer" permettront de "mener rapidement les procédures de traitement des demandes d'asile ou les éventuels rapatriements" selon Rome.

Dans le premier centre situé au port de Shengjin (nord) auront lieu les procédures de débarquement et d'identification. Tandis que le centre de Gjader, une localité située à une vingtaine de kilomètres, sera chargé des procédures ultérieures. Les autorités italiennes seront chargées du maintien de l'ordre dans les centres. La police albanaise sera responsable à l'extérieur et au cours du transport des migrants d'une zone à une autre.

Les migrants seront ensuite séparés entre ceux susceptibles d’obtenir une protection internationale et ceux qui seront renvoyés dans leurs pays d’origine après le refus de leur demande d’asile. Selon les habitants du village, un mur de sept mètres de haut entoure ces centres pour empêcher toute fuite.

La construction et le fonctionnement des centres, évalués entre 650 et 750 millions d'euros, seront payés à 100% par l'Italie, sur cinq ans.

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  • Comment est né cet accord ?

L'Italie, confrontée à un afflux de migrants depuis janvier (145 000 contre 88 000 en 2022 sur la même période), a lancé un appel à ses partenaires européens. "Si l'Italie lance un appel, l'Albanie répond présente", avait alors affirmé Edil Rama, s'attirant le soutien de Georgia Meloni pour entrer dans l'Union européenne.

"L'Albanie confirme qu'elle est un pays ami et bien qu'elle ne fasse pas encore partie de l'UE, elle se comporte comme si elle était un État membre", avait affirmé la Première ministre italienne. L'Italie est le premier partenaire commercial de l'Albanie, et les échanges entre les deux pays représentent 20% du PIB albanais.

L'opposition au gouvernement de coalition entre l'extrême droite et la droite dirigé par Georgia Meloni s'était pourtant élevée contre la signature de cet accord instituant "une véritable déportation en violation flagrante du droit international", selon les mots du député de l'Alliance Verts et Gauche Angelo Bonelli.

"Le principe du non-refoulement est clair et ne peut pas être contourné. Nous ne pouvons pas tolérer que le droit d'asile soit vidé de sa substance à travers des accords prévoyant de déplacer des personnes dans un pays hors UE sans garanties suffisantes pour leurs droits fondamentaux", a-t-il dénoncé.

Mais le 24 janvier, la Chambre des députés italiens a approuvé la ratification de l’accord, qui a alors été transmis au Sénat. Et le 29 janvier, la Cour constitutionnelle d’Albanie a donné le feu vert au Parlement albanais pour qu’il ratifie l’accord.

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  • Que disent les associations de défense des droits humains ? 

L'ONG International Rescue Committee (IRC) avait fustigé un accord "déshumanisant", tandis qu'Amnesty International a déploré une "proposition irréalisable, nuisible et illégale".

Pour Matteo de Bellis, chercheur sur les questions migratoires et d’asile à Amnesty International, “les personnes débarquées en Albanie et conduites dans les centres sur place, notamment les réfugiés et les demandeurs d’asile, seraient automatiquement placées en détention, sans pouvoir sortir de ces centres pendant une période maximale de 18 mois. Aux termes du droit international, la détention automatique est par nature arbitraire et, par conséquent, illégale”.

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L'UE a néanmoins exprimé son intérêt pour l’accord, soulignant que les centres seront gérés en vertu du droit italien et non du droit albanais. Près de 158.000 migrants sont arrivés en Italie en 2023, contre environ 105.000 en 2022, selon le ministère italien de l'Intérieur.