De nombreuses polémiques circulent autour des témoignages d'habitants d'Alep postés sur les réseaux sociaux, mettant en doute leur véracité. En effet, comment, au vue des destructions massives subies par cette partie de la ville, est-il encore possible d'avoir des liaisons Internet fonctionnelles ?
Il y a des photos, et même des vidéos, postées depuis Alep. Toutes plus terribles les unes que les autres, montrant un champ de ruines. Et pourtant, des personnes équipées de smartphones parviennent à trouver les moyens techniques — au milieu des bombardements — pour que leurs tweets soient diffusés sur le réseau mondial Internet.
Le gouvernement de Bachar al Assad parle de propagande terroriste, et l'on trouve de plus en plus de soutiens à l'intervention Russe pour douter de la véracité de ces photos, de la possibilité technique d'utiliser Internet au milieu du champ de bataille qu'est Alep-Est.
Et pourtant…
Fibres optiques coupées…
Les lignes ADSL (liaisons Internet par les fils de cuivre du téléphone, NDLR) ont été coupées à maintes reprises depuis le début de la guerre civile en 2011, alors que la fibre optique qui reliait Alep à la Turquie via la ville de Saraqib a été désactivée en août 2013 et n'a jamais été remise en activité. L'opérateur national Syrian Telecom a alors créé un circuit de secours, toujours par fibre optique, passant par la ville d'Idlib en octobre de cette même année. Lors de la prise d'Idlib par les rebelles, en mars 2015, cette liaison a été coupée, puis rétablie en novembre, une fois les agents de Syrian Telecom en capacité d'agir techniquement.
Toutes ces coupures de réseau ont été suivies et référencées par l'entreprise américaine Dyn, qui en a fait plusieurs articles.
…et Système D hertziens
Pour pallier les différentes coupures de liens terrestres, des systèmes de communications hertziens
de type Wimax ont été installés depuis 2014.
Cette technologie de wifi longue distance (en point à multipoint) fonctionne grâce à des antennes posées sur les toits, chez chaque abonné, qui se connectent à des relais. Chaque relais fait un bond de plus de 10 km jusqu'à un autre, pour atteindre, dans le cas d'Alep, un opérateur turc via des dizaines de sites différents pour atteindre la frontière. C'est majoritairement cette technologie qui est encore utilisée à Alep-Est et qui permet aux habitants de se connecter à Internet.
Des "tours de connexions" ont été ainsi installées un peu partout dans cette partie de la ville, qui, lorsqu'elles sont détruites, sont remontées un peu plus loin. Des accès sont possibles en payant directement ceux qui maintiennent ce réseau sans fil qui couvre la plupart des quartiers. 1 Go de données par mois coûte moins de 4 $.
Internet à deux vitesses
Alep Ouest, sous contrôle gouvernemental, n'a pas été détruite et bénéficie des attentions de Damas. Une nouvelle fibre optique a été ainsi rendue opérationnelle cet automne dans cette partie de la ville, qui rallie directement la capitale, mais dont ne bénéficient pas les habitant d'Alep-Est. Malgré tout, des ruses techniques se développent pour "récupérer" du réseau d'Alep-Ouest depuis Alep-Est, quand les distances le permettent, en "gonflant" des signaux wifi qui permettent ainsi de se connecter entre les deux parties de la ville. Ou en récupérant de la 3G qui "déborde" de l'Ouest… vers l'Est.
C'est donc dans une immense difficulté, surmontée par une grande ingéniosité technique, que les habitants d'Alep-Est, dont la fillette de 7 ans Ban Alabed aidée de sa mère, parviennent à communiquer avec le reste du monde.
Le quotidien en ligne La libre Belgique a d'ailleurs enquêté sur la réalité de son existence, et conclu, qu'au milieu des bombardements, Bana Alabed et sa mère envoient bien des tweets, à l'aide de 2 panneaux solaires, d'une connexion Wimax (par un point wifi) et d'un smartphone…