Fil d'Ariane
Il n'est pas question de "frappes chirurgicales" pour évoquer le martyre d'Alep. Des tapis de bombes, de roquettes, d'obus d'artillerie et de missiles sèment désormais la mort partout. Les combattants sont estimés à environ 8000, les habitants, pris en otage, affamés, affolés, seraient 250 000.
A cette heure, plus aucun hôpital n'est en état de fonctionner à Alep.
Alep subit ses plus violents bombardements d’artillerie depuis deux ans https://t.co/K9fTcI9a7p
— Le Monde (@lemondefr) 19 novembre 2016
Dans son dernier rapport, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) constate que "Bien que certains services de santé soient encore disponibles dans les petites cliniques, les résidents n'ont plus accès aux soins traumatologiques, aux chirurgies majeures et à d'autres consultations pour des problèmes de santé graves, même si ces soins sont urgents. Cette souffrance supplémentaire est imposée à une population dont l'accès aux soins de santé a été précaire et qui ne cesse de diminuer au cours des cinq dernières années, le conflit ayant causé des dommages et des destructions implacables aux établissements de santé. La situation est devenue critique depuis que l'aide a été impossible à livrer à la ville assiégée depuis juillet 2016. "
Bombardements à #Alep. Une situation scandaleuse, il n'y a plus de mots pour la qualifier @JoelWeilerMdM #Aleppo https://t.co/32V0JUx7L9
— Médecins du Monde (@MdM_France) 20 novembre 2016
Les bombardements intentionnels d’hôpitaux sont pourtant interdits par les lois humanitaires internationales. Les pouvoirs syrien et russe n'en ont que faire.
Et la "communauté internationale" a beau "condamner avec la plus grande fermeté" ces atrocités, Ban Ki-moon, actuel secrétaire national des Nations unies, utiliser le mot "abattoir" pour dénoncer la stratégie meurtrière, rien ne change.
Une famille de 4 enfants et des 2 parents a été tuée gazée au chlore chimique cette nuit à #Alep-Est. Voici les #DroitsDeLEnfant en #Syrie. pic.twitter.com/uZVH0GMBHt
— Syria Charity (@SyriaCharity) 20 novembre 2016
Les journaux télévisés français de grande écoute (TF1, France 2, France 3), évoquent rarement le martyr d'Alep dans leurs éditions. Quand sont diffusées malgré tout quelques images de la partie est de la ville, forcément ravagée, c'est pour donner un décompte macabre, sans éclairage particulier sur le calvaire enduré par les habitants. Sans doute, ne faut-il pas choquer les téléspectateurs ni troubler leur digestion. On objectera qu'il s'agit de zones extrêmement dangereuses et que les images en provenance d'Alep peuvent être sujettes à caution. Mais, tout de même, il est possible de dénoncer sans image, comme il est possible de s'indigner sans mot d'ordre.
Rien.
Les fêtes de fin d'année qui approchent accaparent un temps d'antenne important et, sauf erreur, on ne signale aucune manifestation de soutien dans les rues parisiennes pour les victimes d'Alep.
Cette vidéo est incroyable... L'instant exact du bombardmt sur le dernier hôpital pédiatrique d'#Alep filmé en direct auj. A voir et à RT ! pic.twitter.com/WCpTAVnDPh
— Syria Charity (@SyriaCharity) 18 novembre 2016
Mais il serait trompeur de penser que l'utilisation de "bombes sales" soit le seul apanage de l'armée russe ou syrienne. Ainsi, des officiers russes des troupes de protection nucléaire, chimique et biologique affirment que des preuves ont été trouvées dans le quartier 1070 d’Alep.
Selon le porte-parole du ministère russe de la Défense, le major-général Igor Konachenkov, neuf prélèvements (fragments de mines, échantillons du sol des cratères d'obus) "ont confirmé que les terroristes avaient rempli leurs munitions de chlore et de phosphore blanc".
Moscou a demandé à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) d'envoyer ses experts à Alep, en Syrie, pour analyser des échantillons de substances toxiques utilisées par des terroristes dans la région. Refus de l'OIAC, qui invoque des problèmes pour la sécurité de ses experts.
Des "rebelles" utilisant des armes sales. Réalité ? Propagande ?
En attendant, l'Observatoire Syrien des Droits de l'Homme note que ce mardi est le 60 e jour du bombardement intensif d'Alep-est par l'aviation et les hélicoptères. Il relève "qu'entre le 22 septembre 2016 et aujourd'hui, 834 citoyens civils ont été tués, dont 176 enfants de moins de 18 ans et 69 citoyens de plus de 18 ans et plusieurs milliers de blessés".
Des chiffres qui font mal. Mais à qui, au juste ?