Algérie : Karim Tabbou, figure du "Hirak", condamné à un an de prison ferme

Karim Tabbou, figure du mouvement de contestation en Algérie du "Hirak", a été condamné mardi 24 mars en appel à un an de prison ferme, a-t-on appris auprès d'un avocat et de la ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH). Si le "Hirak" n'a pas de structure formelle, Karim Tabbou, 46 ans, en est l'un des visages et l'une des voix les plus connues.

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Karim Tabbou
Karim Tabbou
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M. Tabbou, 47 ans, avait écopé le 11 mars d'une peine d'un an de prison, dont six mois ferme, pour "atteinte à l'intégrité du territoire national". L'opposant devait sortir de prison jeudi après avoir purgé sa peine.
 

"L'affaire n'était pas programmée jusqu'à hier. On a été prévenu ce matin. On est venu en courant", a raconté à l'AFP un des avocats, Me Amine Sidhom.

"On est abasourdi de ce qui arrive, pas seulement à Karim Tabbou mais à la justice algérienne. Cela dépasse l'entendement. On est choqué", s'est insurgé Saïd Salhi, vice-président de la LADDH, interviewé par téléphone. La LADDH a dénoncé un "procès en catimini".

M. Salhi a précisé que M. Tabbou avait eu un malaise et qu'il n'avait pas assisté à son procès. "Il était à l'infirmerie de la Cour" au moment du procès, a-t-il dit.

"Torture blanche"

Placé en détention une première fois le 12 septembre après avoir été inculpé "d'atteinte au moral de l'armée" par un tribunal de Tipaza, à l'ouest d'Alger, il avait été remis en liberté le 25 septembre. A nouveau arrêté dès le lendemain, il avait été inculpé cette fois d'"incitation à la violence" et une nouvelle fois incarcéré.

Durant son procès -à l'issue duquel le procureur avait requis une peine de quatre ans de prison ferme le 4 mars -, Karim Tabbou avait rejeté toutes les charges.

Accusé d'"atteinte au moral de l'armée" et "d'atteinte à l'unité du territoire national", il est placé à l'isolement depuis six mois dans une prison d'Alger. Ses défenseurs parlent d'une "torture blanche".

Le procureur avait requis 4 ans de prison ferme et 200 000 dinars d'amende, l'équivalent de 1500 euros.
 

Karim Tabbou, un opposant de longue date


Ancien chef du Front des forces socialistes, aujourd'hui à la tête de l'Union démocratique et sociale, Karim Tabbou, opposant de longue date, est accusé d'"incitation à la violence". Il aura finalement été condamné à un an de prison ferme.

Il y a dix ans, alors qu'il était premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS), Karim Tabbou appelait au boycott d'une élection présidentielle à l'issue connue d'avance - celle de la réélection d'Abdelaziz Bouteflika pour un troisième mandat. "Nous sommes un mouvement politique qui n'accepte pas le silence", déclarait-il à Tizi Ouzou en Kabylie. Voyez ici le reportage réalisé par TV5MONDE en 2010 :
 
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