Fil d'Ariane
Karim Tabbou, figure du mouvement de contestation en Algérie du "Hirak", a été condamné mardi 24 mars en appel à un an de prison ferme, a-t-on appris auprès d'un avocat et de la ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH). Si le "Hirak" n'a pas de structure formelle, Karim Tabbou, 46 ans, en est l'un des visages et l'une des voix les plus connues.
"L'affaire n'était pas programmée jusqu'à hier. On a été prévenu ce matin. On est venu en courant", a raconté à l'AFP un des avocats, Me Amine Sidhom.
"On est abasourdi de ce qui arrive, pas seulement à Karim Tabbou mais à la justice algérienne. Cela dépasse l'entendement. On est choqué", s'est insurgé Saïd Salhi, vice-président de la LADDH, interviewé par téléphone. La LADDH a dénoncé un "procès en catimini".
M. Salhi a précisé que M. Tabbou avait eu un malaise et qu'il n'avait pas assisté à son procès. "Il était à l'infirmerie de la Cour" au moment du procès, a-t-il dit.
Placé en détention une première fois le 12 septembre après avoir été inculpé "d'atteinte au moral de l'armée" par un tribunal de Tipaza, à l'ouest d'Alger, il avait été remis en liberté le 25 septembre. A nouveau arrêté dès le lendemain, il avait été inculpé cette fois d'"incitation à la violence" et une nouvelle fois incarcéré.
Durant son procès -à l'issue duquel le procureur avait requis une peine de quatre ans de prison ferme le 4 mars -, Karim Tabbou avait rejeté toutes les charges.
Accusé d'"atteinte au moral de l'armée" et "d'atteinte à l'unité du territoire national", il est placé à l'isolement depuis six mois dans une prison d'Alger. Ses défenseurs parlent d'une "torture blanche".