La Cour suprême algérienne a renvoyé au 25 mars le pourvoi en cassation du journaliste indépendant Khaled Drareni, en liberté provisoire, libéré le 19 février par une grâce présidentielle. Son cas devait être examiné ce jeudi 25 février.
C’est le site d’information fondé par Khaled Drareni,
Casbah Tribune, qui donne la nouvelle :
"Cour suprême : renvoi au 25 mars de la décision de réexaminer le dossier du journaliste Khaled Drareni pour un nouveau jugement". Une décision confirmée par son avocat, Me Heboul Abdellah, qui l'a représenté à l'audience.
Attendu par ses collègues et les défenseurs des droits humains, l'examen du cas de Khaled Drareni, devenu le symbole du combat pour la liberté de la presse, était initialement programmé ce 25 février. La Cour n’a donné aucune explication pour ce report.
"Nous continuons à nous mobiliser pour que toutes les charges retenues contre Khaled soient abandonnées", a promis l'ONG Amnesty International.
Correspondant de TV5MONDE et de Reporters sans frontières (RSF) en Algérie, le journaliste de 40 ans a été libéré vendredi 19 février à la suite d'une mesure de
"grâce présidentielle" en faveur de détenus du Hirak, le soulèvement populaire déclenché il y a deux ans.
Les détenus définitivement condamnés ont été graciés et ceux dont les procédures judiciaires étaient en cours, comme Khaled Drareni, remis en liberté provisoire.
Incarcéré en mars 2020, il avait été condamné en appel le 15 septembre à deux ans de prison ferme pour
"incitation à attroupement non armé" et
"atteinte à l'unité nationale".
"La Cour suprême d'Algérie, qui examinait ce matin le pourvoi en cassation de Khaled Drareni, rendra sa décision le 25 mars. A quelques jours près, cela fera un an que Khaled a été incarcéré", a rappelé le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, sur Twitter.
Le cas de Khaled Drareni est devenu emblématique du combat pour la liberté de presse et d'expression en Algérie, mise à mal par une série de condamnations et un arsenal juridique très restrictif pour la presse en ligne et les réseaux sociaux.
Dans une interview à l'Agence France-Presse, le journaliste s'est dit déterminé à reprendre son métier et défendre la cause de la liberté de la presse et d'expression.
"Je pense que le combat de la liberté de la presse est un combat de tous les jours et dans tous les pays. Il doit être un combat universel et je suis prêt à mener ce combat en tant que journaliste algérien".(RE)voir : Khaled Drareni : "Si le journalisme est un crime, alors je suis un criminel dangereux"
Khaled Drareni s'est fait connaître en Algérie en tant que présentateur sur les chaînes privées Dzair TV et Echourouk TV, mais aussi pour son activité sur les réseaux sociaux, où il a partagé photos, slogans et déclarations en direct des défilés du Hirak.
Désormais libre, cet
"éternel optimiste", tel qu'il se décrit, entend reprendre ses activités de journaliste auprès de Casbah Tribune et de la chaîne française TV5MONDE.
Malgré la libération récente d'une quarantaine de détenus d'opinion, une trentaine de personnes sont toujours en prison pour des faits liés au Hirak et/ou aux libertés individuelles, selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), une association de soutien.
(RE)voir : Khaled Drareni, journaliste numéro d’écrou 22.244 [Collection Reportages]