Algérie : nouveau rassemblement à Alger au lendemain de l'annonce du nouveau gouvernement

Une foule importante a défilé à Alger pour un 46ème vendredi de manifestations, au lendemain de la formation du gouvernement du nouveau président algérien Abdelmadjid Tebboune et d'une vague de libérations surprises de contestataires détenus.
Image
Manifestations Alger
Manifestants dans les rues d'Alger contre l'élection présidentielle, le 27 décembre 2019.
AP Photo/Toufik Doudou
Partager 3 minutes de lecture

Impossible à évaluer précisément en l'absence de comptage officiel mais la mobilisation a été, selon un journaliste de l'AFP, plus importante que les deux vendredis précédents. À Alger toutefois, les manifestants sont apparus moins nombreux que lors des mobilisations exceptionnelles des semaines avant la présidentielle.

La manifestation s'est déroulée dans plusieurs rues du cœur d'Alger. Des manifestations se sont également déroulées dans plusieurs autres villes du pays, selon le site d'information TSA (Tout sur l'Algérie).

« Notre marche est pacifique, nos revendications sont légitimes », ont scandé les manifestants devant des forces de l'ordre qui les observaient sans intervenir.

Le rassemblement a débuté ce vendredi midi, une heure environ avant le départ prévu du cortège, pour réclamer « une période de transition » afin de démanteler le système qui dirige l'Algérie depuis son indépendance en 1962.

Libération de 76 personnes liées au « Hirak »

Jeudi, les tribunaux à travers le pays ont, de manière inattendue, remis en liberté 76 personnes - en attente de procès ou déjà condamnées -, emprisonnées dans le cadre du « Hirak », le mouvement populaire de contestation du régime né le 22 février.

Réclamée en vain depuis des mois par le « Hirak », cette mesure perçue comme un geste d'apaisement a précédé l'annonce dans la soirée du premier gouvernement du nouveau président Tebboune, deux semaines jour pour jour après son entrée en fonctions.

Un nouveau gouvernement déjà contesté

M. Tebboune a été élu le 12 décembre, sur fond d'abstention record, lors d'un scrutin imposé par le pouvoir malgré l'opposition de la contestation, qui a dénoncé une manœuvre du « système » au pouvoir, pour se régénérer.

« On n'accepte pas ce gouvernement, il est illégitime comme le président qui l'a nommé, c'est un prolongement de l'ère (du président déchu Abdelaziz) Bouteflika », contraint par le « Hirak » à la démission en avril, s'insurge Mohand Areazki, 55 ans.

Narimene, 27 ans, espérait « un gouvernement de jeunes, comme promis par le président, et voilà que nous retrouvons des anciennes figures du "système". On prend les mêmes et on recommence : pas de changement, le Hirak continue ».

Nommés par Bouteflika

Plus d'un tiers (11) des 28 ministres de plein exercice du nouveau gouvernement appartenaient à l'équipe sortante, nommée par le président Bouteflika le 31 mars, deux jours avant sa démission, ou ont déjà été ministres durant ses 20 ans de présidence.

« Il y a des signaux favorables comme la libération des détenus, bien qu'ils n'auraient jamais dû être en prison », admet Aymen, 37 ans. « Et quelques membres du gouvernement sont vraiment bien » comme le ministre de l'Industrie Ferhat Aït Ali Braham, un économiste qui a « critiqué les politiques de Bouteflika ». « Mais le Hirak doit continuer à faire pression pour arriver à changer le système », poursuit-il.