La contestation anti-gaz de schiste n'est pourtant pas toute neuve dans le pays. Dès juin 2012, une pétition en ligne est lancée "
contre le lancement du premier forage de gaz de schiste dans le bassin de l'Ahnet". Elle compte aujourd'hui environ 1 430 signatures. Son auteur, Moussa Kacem, est maître de conférence à l'université d'Oran, expert en mines et carrières et en environnement.
Parmi les arguments qui sont mis en exergue par les opposants aux forages de ces hydrocarbures non conventionnels, il y a celui de la quantité d'eau nécessaire à leur réalisation alors que les puits se trouvent dans le Sahara. "Il faut mille mètres cube d'eau pour forer un puits de gaz de schiste, rappelle Séverin Pistre, professeur d'hydrogéologie à l'université de Montpellier. Mais, pour la fracturation (qui permet d'extraire le gaz enfoui dans la roche, ndlr), il faut entre 15 et 20 000 m
3 d'eau par puits." Le chercheur indique également qu'à l'horizon 2020 ou 2030, le pays pourrait se trouver "en situation de stress hydrique", selon les modèles des climatologues.
Au-delà de la question des réserves en eau, c'est la préservation de l'environnement et de l'agriculture qui est en jeu pour les opposants. Malgré les propos rassurants du ministre de l'Energie lors de son déplacement à In Salah (il a déclaré que
"l'exploitation de cette énergie ne comportait aucun danger"), pour Moussa Kacem et les militants anti-gaz de schiste, la liste de craintes est longue : impact sur la faune et la flore, pollution des nappes phréatiques, émission de gaz à effet de serre et pollution atmosphérique, risques de séismes, remontée de radionucléides enfouis dans le sol depuis plusieurs millions d'années... Pour appuyer leurs craintes, ils se fondent notamment sur
l'exemple américain des forages de gaz de schiste.
Selon des responsables de la Sonatrach, "toutes les mesures de précaution" auraient été prises lors des forages-tests.
Thomas Porcher, économiste et auteur du
Mirage du gaz de schiste, commente : "Le gaz de schiste nécessite beaucoup de forages. 200 par an (nombre de forages annuels annoncé par la direction de la Sonatrach, ndlr), c'est énorme ! Alors qu'avec le gaz conventionnel, un puits a une durée de vie de 25 ans, pour le gaz de schiste, cette durée n'est que de cinq ans. De plus, 80% de la production jaillit les deux premières années. Mais il y a toujours un risque de forage raté, ou un risque de fuite. Celui-ci est multiplié dans le cas du gaz de schiste car, justement, il y a une multiplication des forages."