Côté ombre, son entourage, bien-sûr, un moment menacé par la maladie du maître et qui peut ainsi espérer continuer à gouverner en son nom. L'armée, mais aussi la puissante D.R.S. (Département de renseignement et sécurité, services secrets toujours dirigés par l'inoxydable «
Toufik » , le Général-major Mohamed Mediene), qui voient en lui une promesse, au moins provisoire de continuité. Si leur choix n'a rien d'officiel (« à ce niveau d'opacité, observe désabusée Ghania Mouffok, être journaliste se résume à décrypter le langage des signes »), il est généralement considéré comme tacite. Bien ouvertement en revanche, le F.L.N. (Front de libération nationale, parti historique de l'indépendance puis du pouvoir), l'U.G.T.A, (Union générale des travailleurs algériens, le principal syndicat), la puissante société pétrolière et gazière d’État SONATRACH, le FCE (Fédération des chefs d'entreprise, principale organisation patronale) ont annoncé leur soutien au sortant, cette dernière – où le débat a tout de même été houleux – arguant d'une « conjoncture internationale tendue » qui impose de « consolider la stratégie qui fonde l'action du gouvernement ». « Pour ces groupes d'intérêts, qui ont une perception de l'Algérie assez proche de la sienne, Bouteflika est un président-tampon qui permet de maintenir l'équilibre en donnant à chacun ce dont il a besoin », écrit dans
l'Express.fr Luis Martinez. Ressource toujours providentielle et majeure sinon inépuisable : la manne pétrolière et gazière, garantie par des cours relativement élevés et plutôt stables et qui génère bon an mal an près de 50 milliards de dollars (40 milliards d'euros), qui s'ajoutent à 200 milliards de dollars de réserves. Si l'armée la plus gâtée du continent et les milieux dirigeants en profitent largement, ils ne sont pas les seuls. 60 milliards de dollars ont pu être distribués ces dernières années en dépenses sociales, achetant, malgré un taux de chômage élevé, une relative paix sur ce front, au demeurant précaire si l'on en juge par le nombre élevé de révoltes locales.