Selon l'ONU, plus de 70 000 syriens sont morts depuis le commencement du conflit il y a presque deux ans. Peu avant, il était difficile de croire qu’un soulèvement sanglant allait se déclencher contre le régime de
la famille Al Assad . En février 2011, presque personne n’avait répondu aux premiers appels sur les réseaux sociaux pour manifester à Damas. Gouvernée d'une main de fer depuis
le coup d’état du père Hafez Al Assad en 1970, la Syrie était dans les yeux de beaucoup immunisée contre les vagues du « Printemps arabe ». Pendant une quarantaine d’années, le régime du Parti Baas impose un système de censure qui vise principalement les opposants politiques, les médias et la société civile. Seule
l’industrie des séries télévisées , en plein essor, réussit à s’en échapper. Les visiteurs de la Syrie, une principale destination touristique au Proche Orient, sont avertis des risques de parler politique au pays du Baas. C’est sous ces conditions-là que le caricaturiste opposant
Ali Ferzat travaille. Il essaie de garder un équilibre précaire entre le manque de libertés et ses critiques contre le régime. « Pour pouvoir passer au travers du filet de la censure, j’utilisais le symbole », explique-t-il lors d’une exposition de solidarité avec la Syrie, à l’Institut du monde arabe à Paris. En Syrie, il n’y a pas que les journalistes qui sont censurés. C’est un système qui touche aussi le citoyen lambda, selon Ferzat.