Fil d'Ariane
"Désormais, l’Allemagne a ce qui n’avait jamais existé depuis la fin de la guerre (en 1945) : un parti d’extrême droite"... Dès dimanche, le quotidien Die Welt s’était fait une raison.
Si les sociaux-démocrates du SPD arrivent en tête dans le Mecklembourg-Poméranie occidentale avec environ 30% des voix, soit cinq points de moins qu'en 2011, c'est avant tout l'AfD qui peut se réjouir de son résultat.
MVP | Hochrechnung zur #ltwmv (ZDF, 19.00 Uhr): @AfD_MV liegt mit nunmehr 21,5 % rund 2 Prozentpunkte vor CDU! pic.twitter.com/FO42uxAQHH
— 2016 #AfD wählen! (@Wahlen_AfD_2016) 4 septembre 2016
Avec environ 22%, selon des résultats préliminaires de dimanche, ce parti né en 2013 devance nettement la CDU d'Angela Merkel, pourtant élue de la région, qui se classe troisième avec un peu plus de 19% des voix.
Wir sagen Danke für Ihr Vertrauen!
— AfD MV (@AfD_MV) 5 septembre 2016
Hier die Wahlergebnisse im Überblick.... https://t.co/I5DcnCebAx
("merci pour votre confiance!" compte twitter officiel Afd)
Pas vraiment une surprise donc pour la presse allemande, le FAZ (Frankfurter Allgemeine Zeitung) tente d'y voir malgré tout "une victoire pour le SPD dans le nord-est, même si le parti de la chancelière est en net recul".
Un ancien professeur à la retraite, qui n'a pas souhaité donner son nom, explique à l'AFP, les raisons de son choix. Il a voté AfD en raison de "la question des demandeurs d'asile".
"La cerise sur le gâteau, c'est qu'on laisse la CDU de Merkel derrière nous (...) et peut-être même est-ce le début de la fin pour la chancelière Merkel", s'exclame Leif-Erik Holm, chef de file du parti populiste dans cette région.
Trois ans après sa création, l'AfD renforce sa position sur la scène nationale: le parti est désormais représenté dans 9 des 16 Länder avec ses succès électoraux dans trois régions au printemps, dont son record de 24% en Saxe-Anhalt (est). Le scrutin de dimanche, avec celui de Berlin le 18 septembre, fait figure de répétition générale à un an des législatives.
Pour le TAZ (Die Tageszeitung), "la bonne nouvelle : le NPD est sorti du jeu, la mauvaise nouvelle: l'AfD est la 2ème force politique du pays".
Le patron du SPD et vice-chancelier Sigmar Gabriel a, dès lors, appelé tous les partis à se demander "comment faire pour que la colère et les inquiétudes des gens ne se retrouvent pas dans l'AfD".
En France, la présidente du Front national (extrême droite), Marine Le Pen, a félicité les "patriotes de l'AfD", qui selon elle "balaient le parti" d'Angela Merkel. "Ce qui était impossible hier est devenu possible (...) : toutes mes félicitations !", a-t-elle tweeté.
Ce qui était impossible hier est devenu possible : les patriotes de l'AFD balaient le parti de Mme Merkel. Toutes mes félicitations ! MLP
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 4 septembre 2016
Le secrétaire général de la CDU, Peter Tauber, a reconnu une défaite "amère" et qualifié le vote AfD de "protestataire". Lorenz Caffier, patron régional de la CDU, a lui expliqué sa défaite par le fait qu'il "n'y avait qu'un thème, la politique sur les réfugiés".
.@petertauber will Vertrauen in die #CDU zurückgewinnen https://t.co/DHE1MbhoUZ #ltwmv
— CDU Deutschlands (@CDU) 5 septembre 2016
Les populistes font ainsi une entrée fracassante au Parlement régional pour leur première participation à un scrutin dans ce Land, un an après la décision de la chancelière d'ouvrir grand les portes de l'Allemagne aux réfugiés.
En difficulté - seulement 44% lui font confiance pour un quatrième mandat -, Angela Merkel a fait campagne sur le terrain pour convaincre les 1,3 million d'électeurs du Mecklembourg, où se trouve sa propre circonscription électorale, de ne pas voter populiste.
Les néo-nazis du NPD, dont le Mecklembourg était le bastion, n'ont pour leur part pas réussi à se maintenir au Parlement régional, la percée de l'AfD les privant d'atteindre la barre nécessaire des 5%.
Pour Hajo Funke, professeur de sciences politiques à l'Université libre de Berlin, le succès de l'AfD un peu partout en Allemagne est une "lame de fond".
Au-delà de la question des réfugiés, l'AfD tire sa force du fait que "beaucoup de gens ne se sentent plus représentés", reconnaît aussi M. Weinhold. Un rejet des élites, nourri par une politique d'austérité régionale, sur lequel les populistes surfent malgré les progrès économiques de ce Land.
Désemparés par le succès des populistes, de nombreux responsables de gauche comme de droite rejettent la faute sur la chancelière au pouvoir depuis 11 ans.
Angela Merkel a souligné ces derniers jours que son choix d'ouvrir le pays aux réfugiés s'imposait, même si, depuis les deux attaques commises fin juillet par des demandeurs d'asile et revendiquées par l'organisation État islamique, elle a donné un accent plus sécuritaire à sa politique. Elle le rappellait encore samedi dernier dans un long entretien accordé au journal Bild.