Malgré des contre-manifestations en Allemagne (jusqu'à 30 000 personnes ont défilé pour dénoncer le discours raciste de Pegida), le mouvement ne cesse de s'amplifier — surtout depuis les attentats français. L'interdiction de manifester de ce lundi, déclenchée par les menaces de mort de l'Etat islamiste à l'encontre du chef du mouvement, a incité Pegida à lancer des appels à la population : l'organisation anti-islam demande aux Allemands de "placer un drapeau national et une bougie à leur fenêtre" pour marquer "leur droit à la liberté d'opinion et leur opposition au fanatisme religieux". L'écrivain et idéologue d'extrême droite Renaud Camus, inventeur de
la théorie du grand remplacement, vient de lancer un "Pegida français". La manifestation anti-islam qu'il comptait organiser place de la Bourse dimanche dernier, avec Riposte Laïque, le Bloc identitaire et d'autres groupes d'extrême droite a été interdite par la préfecture, mais une réunion avec l'une des porte paroles du Pegida allemand s'est tout de même tenue à Paris. Renaud Camus a été condamné au printemps dernier pour "incitation à la haine raciale", et a créé un parti politique, le "Parti de l'innocence" relié au "Parti bleu marine" de Marine Le Pen, présidente du Front national. La croyance très forte d'une Europe envahie par des populations musulmanes — qui à termes détruiraient la culture du vieux continent — est le principal moteur de ces mouvements. La peur de voir se constituer une "Eurabia" (une Europe arabisée ndlr, lire notre article
"Eurabia : quand le mythe passe à l'acte") génère des adhésions très fortes à ce types de mouvements par une part encore peu importante de la population, mais qui relaie avec force ces idées. Quelles réponses apporter à ceux qui veulent stigmatiser une minorité, surtout depuis les récents attentats djihadistes sanglants qui accentuent les possibilités d'amalgame ? En France, la loi interdit les manifestations racistes ou encourageant la haine, ce qui n'est visiblement pas le cas en Allemagne. Liberté d'expression xénophobe, d'incitation à la haine raciale ou religieuse contre interdiction de la stigmatisation ? L'Allemagne va très certainement devoir choisir. En attendant une réponse précise outre-Rhin, le mouvement Pediga se développe un peu partout : en France, Pegida Languedoc aurait été constitué par l’un des fondateurs du Bloc identitaire, Pegida Lyon déclare vouloir se réunir tous les vendredis soirs, Pegida Bordeaux aurait manifesté le 11 janvier. En Belgique, des rassemblements vont avoir lieu à Anvers, il y aurait des Pegida en Suisse, et même en
Norvège avec quelques centaines de participants à un premier défilé. Un premier coup vient d'être porté à la crédibilité du mouvemment après le scandale provoqué par la publication dans la presse allemande de photos montrant Lutz Bachman déguisé en Hitler (voir encadré). Lutz Bachman a décidé de démissionner du mouvement dans la soirée du 21 janvier.