Fil d'Ariane
Alors que le président allemand Frank-Walter Steinmeier, demande pardon à la Pologne et aux victimes de l’Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale lors d'une cérémoinie, des élections régionales ont lieu aujourd'hui dans la région de la Saxe et du Brandebourg (à l’Est de l'Allemagne). L'extrême droite, avec l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) vient de réaliser une vraie percée, en doublant ou triplant son score par rapport aux dernières élections régionales.
En 1939, l’Allemagne bombarde la petite ville de Wielun, en Pologne, où vivent alors un peu plus de 15 000 habitants, en grande majorité juifs. L'ordre de bombarder Wielun, a été donné par le général Wolfram von Richthofen, militaire ayant déja fait ses preuves pendant la Première guerre mondiale. Il participa également au bombardement de Guernica en Espagne en 1937 dans la légion Condor.
Quatre vingt-ans plus tard, une cérémonie spéciale a eu lieu en Pologne, aujourd'hui, 1er seprembre 2019, durant laquelle le président allemand Frank-Walter Steinmeier s’est exprimé à l’heure exacte de l’explosion des premières bombes tombées en 1939. "Je m'incline devant les victimes de l'attaque de Wielun. Je m'incline devant les victimes polonaises de la tyrannie allemande. Et je demande pardon", a-t-il déclaré en allemand et en polonais. "Ce sont les Allemands qui ont commis un crime contre l'humanité en Pologne. Quiconque prétend que c'est fini, que le règne de terreur des national-socialistes sur l'Europe est un événement marginal dans l'histoire allemande se juge lui-même", a poursuivi M Steinmeier. La référence à l'AfD, “l’Alternative pour l’Allemagne” et sa potentielle victoire ce soir lors d’élections régionales en Saxe et en Brandeboug est à peine voilée.
La cérémonie s’est poursuivie avec une intervention du président polonais Andrzej Duda, qui a affirmé être “convaincu que cette cérémonie passera dans l'histoire de l'amitié polono-allemande”. Plus tard dans la journée, le vice président américain, Mike Pence devrait prononcer un discours devant le tombeau du Soldat inconnu à Varsovie. Il remplace le président Donald Trump qui a dû annuler sa visite pour ne pas quitter les Etats-Unis, menacés par l’ouragan Dorian.
La menace de l’extrême droite est pourtant toujours présente en Allemagne. En septembre 2017, pour la première fois, depuis la création de la République fédérale allemande (RFA), en 1949, un parti d’extrême droite fait son entrée au Parlement. L’AfD devient alors le 3ème parti d’Allemagne en réalisant 12,6 % des suffrages. Avant cela, c’est dans des parlements régionaux que des députés d’extrême droite (Parti national-démocrate d’Allemagne, NPD), avaient obtenu des sièges. Après la chute du mur de Berlin et la réunification des deux Allemagne, l’ancienne Allemagne de l’Est (RDA) devient le terreau d’une renaissance de l’idéologie néonazie. Le travail de mémoire y a été moins intense qu’en Allemagne de l’Ouest et une pensée plus “antisystème” s’affirme alors.
L’AfD voit le jour en 2013, en réponse à la politique d’Angela Merkel sur la crise économique en Grèce. Le parti dénonce les aides de l’UE aux pays en crise, et les dangers supposés de l’immigration, ainsi que la présence de musulmans en Allemagne. La direction du parti se radicalise encore plus en 2015, avec l’arrivée de Frauke Petry. L’instrumentalisation des agressions sexuelles de Cologne à la Saint-Sylvestre 2015 en est une démonstration.
Retrouvez l'analyse de notre correspondant, David Philippot, en duplex de Berlin pour le 64' :