Croisades et propagande Depuis quelques semaines, l'Allemagne observe avec d'autant plus d'inquiétude la multiplication de ces manifestations du lundi qu'elles sont soutenues, voire organisées, par divers mouvements d'extrême droite ou néonazis, auxquels se raccroche le
jeune parti anti-euro Alternative für Deutschland (Alternative pour l'Allemagne), présent dans trois Parlements régionaux de l'ex-RDA. Aujourd'hui, son président, Bernd Lucke, ne cache plus ses dérives xénophobes ; il a reconnu dans une interview au quotidien des affaires
Handelsblatt que son parti "partageait de nombreuses revendications" avec Pegida, notamment la volonté de sévir contre les islamistes. Les conservateurs de la chancelière Angela Merkel tentent aussi de répondre à ces inquiétudes. Ce 10 décembre, son parti, la CDU (Union chrétienne démocrate), a voté une motion affirmant que "les activités subversives islamistes ne seront pas tolérées". Dans le même temps, la chancelière Angela Merkel a fermement condamné les mouvements hostiles aux étrangers : "Il n'y a pas de place en Allemagne pour l'islamophobie, l'antisémitisme, la xénophobie ou le racisme". Les manifestations de Pegida visent à "éveiller le ressentiment, désigner un ennemi", analyse de son côté Hajo Funke, professeur en sciences politiques à l'Université libre de Berlin. "Ce qui devient dangereux quand cela se transforme en attaque méprisante et favorise le réveil des instincts de masse. L'appel à lutter contre l'islamisation du pays fait écho aux croisades chrétiennes et à la propagande nazie," analyse-t-il. Mobilisation et contre-mobilisation sur Internet Pour appeler aux manifestations, le mouvement passe, entre autres, par sa page
Facebook, qui recueille à ce jour plus de 47 000 fidèles, et par le mot-dièse
#pediga sur Twitter. "Internet, et surtout les réseaux sociaux, sont un instrument crucial pour ce mouvement, à commencer par Facebook, qui permet de contacter instantanément un grand nombre", souligne le
journaliste Felix M. Steiner, spécialiste de l'extrême droite." C'est aussi via la Toile que se rallient les contre-manifestants : sur Facebook et Twitter,
Pegidawatch appelle à critiquer des motivations du mouvement. Sur Twitter, le mot-dièse
#NoPeGiDa regroupe les Tweets de tous ceux qui prennent le contrepieds des "patriotes" contre l'islamisation de l'Occident.