Fil d'Ariane
Le social-démocrate Boris Pistorius, élu régional aguerri de Basse-Saxe peu connu au niveau national, est nommé ministre de la Défense en Allemagne ce mardi, selon des sources gouvernementales. Il remplace Christine Lambrecht qui a démissionné lundi 16 janvier après un peu plus d'un an au ministère de la Défense, à la suite d'une série de bourdes à la tête de ce poste clé, en pleine guerre en Ukraine, invoquant une "focalisation des médias" sur sa personne l'empêchant de mener sa tâche à bien.
Ministre de l'Intérieur de Basse-Saxe depuis 2013, c'est un "homme politique hautement expérimenté, qui a fait ses preuves dans l'administration, qui s'occupe de politique de sécurité depuis des années", a déclaré le chancelier Olaf Scholz dans un communiqué.
Il est "exactement la bonne personne pour mener la Bundeswehr à travers ce changement d'époque", a-t-il assuré.
Le remaniement intervient alors que l'Allemagne subit la pression de plusieurs pays alliés, en premier lieu la Pologne, pour livrer des chars d'assaut lourds de fabrication allemande Leopard afin d'aider Kiev à repousser l'invasion russe.
Une réunion cruciale sur le sujet des ministres de la Défense occidentaux, autour des Etats-Unis, se tiendra vendredi en Allemagne.
Avant cette réunion, M. Pistorius accueillera jeudi à Berlin, juste après sa prise de fonction, le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin, pour des discussions centrées sur l'Ukraine.
Ses adversaires politiques en Allemagne se sont empressés mardi d'ouvrir une polémique sur des propos tenus en 2018 pour mettre en doute les sanctions occidentales contre la Russie, en rappelant à quel point le parti social-démocrate a longtemps soutenu une politique de rapprochement avec Moscou.
"Voilà encore un membre de la Russie-connection qui prend place au conseil des ministres", a dit un député de l'opposition conservatrice, Tilman Kuban, au quotidien Bild. "Boris Pistorius doit abandonner la ligne clairement pro-Kremlin qu'il a jadis défendue", a-t-il demandé.
L'intéressé a rejeté ces critiques dans le même journal. "Je n'ai pas critiqué les sanctions en tant que telles ou leur objectif, mais ai mis en question, comme beaucoup d'autres, leur efficacité", a-t-il relevé. "Les sanctions actuelles ne sont pas comparables avec celles de l'époque et elles sont efficaces", a-t-il ajouté.
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Allemagne, démission de la ministre de la défense
Sa nomination est une surprise car il n'appartenait pas au cercle des candidats potentiels cités par la presse.
L'attribution de ce portefeuille à nouveau à un homme, après trois femmes à ce poste depuis 2013, met en cause la promesse de M. Scholz de maintenir la parité dans le gouvernement qu'il dirige depuis décembre 2021, provoquant des remous dans les partis de la coalition entre sociaux-démocrates, écologistes et libéraux.
Comme sa prédécesseure, Boris Pistorius est juriste de formation et issu du parti politique du chancelier. Il s'est spécialisé dans les questions de cybersécurité, de sécurité intérieure et de politique migratoire.
Ces dernières années, il n'avait pas caché ses ambitions nationales. Sa tentative d'accéder en 2019 à la présidence du Parti social-démocrate avait toutefois échoué.
Puis en 2021, ce veuf qui fut un temps en couple avec Doris Schröder-Köpf, l'ex-épouse de Gerhard Schröeder, avait été considéré comme un candidat potentiel à un poste ministériel lors de la formation du gouvernement. Mais là aussi, il était ressorti bredouille.
Le chancelier allemand Olaf Scholz arrive à la réunion hebdomadaire du cabinet à la chancellerie de Berlin, en Allemagne, le 19 octobre 2022.
En tant que ministre de l'Intérieur de sa région du nord de l'Allemagne, Boris Pistorius s'est spécialisé dans les questions de cybersécurité, de sécurité intérieure et de politique migratoire. Il fut également maire de Osnabrück entre 2006 et 2013.
En mars, il avait été à l'origine d'une initiative prévoyant des "conséquences pénales" dans sa région pour toute personne exprimant publiquement son approbation de l'invasion russe en Ukraine en utilisant la lettre "Z", symbole du soutien au Kremlin. La Bavière avait pris des mesures similaires.
La tâche sera lourde pour ce baron régional à la tête d'un ministère qui a rarement réussi à son occupant, souligne Der Spiegel. "L'état des troupes est déplorable, et l'armée a besoin plus que jamais d'être réformée dans le contexte de l'invasion russe en Ukraine", pointe le magazine.
Le franc-parler du nouveau ministre et sa capacité à s'imposer pourraient toutefois l'aider, ajoute le magazine qui le surnomme le "général rouge", la couleur du parti social-démocrate.
Conséquence d'années de vaches maigres imposées à la Bundeswehr dans le sillage de la fin de la guerre froide, le matériel manque cruellement ou bien s'avère vétuste.
Après l'invasion du 24 février, Olaf Scholz avait annoncé un "changement d'époque" pour la défense allemande, prévoyant un fonds spécial de 100 milliards d'euros pour la moderniser.