Conséquence : "Depuis cinq ou six ans, les investisseurs étrangers n'ont plus peur de s'implanter en Afrique, et notamment en Éthiopie, car la stabilité politique - de façade - a réussi à s'imposer", ajoute Hélène Quénot-Suarez, chercheur à l'
IFRI. On en vient même à oser le terme d'"eldorado africain". En 2012, l'Ethiopie a reçu 1 milliard de dollars (environ 782 millions d'euros) d'investissements directs étrangers (IDE), selon le journal Le Monde. Et le plan quinquennal de croissance du gouvernement est là pour soutenir cet afflux monétaire étranger : exonérations fiscales, zones franches, électricité gratuite, etc. Il faut choyer les investisseurs, à l'image du modèle chinois de développement étatiste. Mais qui dit dictature dit souvent
corruption. Et là, Hélène Quénot-Suarez met en garde : "Les investissements étrangers, le développement d'entreprises nationales ou locales comme
Bethelhem Alemu (chaussures) ne conduiront en aucun cas à une amélioration du niveau de vie de la population sans l'assainissement de l'intervention publique." Exemples : garantir la répartition équitable des richesses, ou renforcer la libre concurrence sur les marchés, trop absente aujourd'hui à tel point par exemple que
les terres fertiles d’Éthiopie sont louées à des entreprises étrangères, privant la population des retombées économiques. A cela, il faut aussi ajouter l'attitude des entreprises étrangères : "Tesco, Guess, ou Tommy Hilfiger, déjà présents en Ethiopie, ne sont pas là pour faire du social, il s'agit avant tout de faire du business", lance Hélène Quénot-Suarez. Voilà qui a le mérite d'être clair.