Fil d'Ariane
Après plus de quinze mois de guerre, les laborieux pourparlers pour un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas ont abouti à un accord de trêve. La bande de Gaza, principal théâtre de ce conflit, fait maintenant face au défi de la reconstruction.
Des enfants palestiniens jouent dans un camp de tentes pour les Palestiniens déplacés à Deir al-Balah, au centre de la bande de Gaza, le 16 janvier 2025.
Selon le ministère de la santé du Hamas, plus de 46 000 Gazaouis ont perdu la vie au cours des 15 mois de conflit entre Israël et le Hamas. Mercredi 15 janvier, un accord de cessez-le-feu a été accepté par les deux parties. Il doit entrer en vigueur le 19 janvier. La phase 3 de ce plan prévoit le début de la reconstruction de Gaza. Mais celle-ci demande du temps et des moyens.
(Re)voir Israël - Bande de Gaza : accord pour un cessez-le-feu et la libération d'otages
Déjà minée avant la guerre par un blocus israélien imposé depuis 2006, la pauvreté et le chômage, la bande de Gaza se trouve dans une situation humanitaire dramatique. Les Nations unies ont estimé que la reconstruction du territoire, dont plus de la moitié du bâti a été détruit, prendrait jusqu'à 15 ans et coûterait plus de 50 milliards d'euros.
De son côté, Jean-François Corty, président de Médecins du Monde, chiffre le taux de destruction du bâti à 60% au micro de France-Info. Il précise qu’il y a “énormément de chantiers à reprendre, que ce soit en matière de santé, d'habitat, d'accès à l'eau et la nourriture".
(Re)voir Bande de Gaza : espoir de trêve
Les infrastructures, notamment le réseau de distribution d'eau, ont été très lourdement endommagées par le conflit. La plupart des enfants sont déscolarisés depuis plus d'un an. Seule une poignée d'hôpitaux fonctionne encore, partiellement. Par ailleurs, près d’1,9 million de déplacés devraient pouvoir se réinstaller progressivement à Gaza, selon le quotidien suisse Le Temps.
Avant que l’accord de trêve ne soit conclu, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a plaidé en faveur d’un plan de reconstruction et de gouvernance de Gaza après la guerre, rapporte l’agence de presse AP. Dans un discours prononcé devant le Conseil atlantique, un groupe de réflexion basé à Washington, Antony Blinken a indiqué que le plan prévoit que l'Autorité palestinienne invite des “partenaires internationaux” à mettre en place une autorité gouvernementale intérimaire chargée de gérer les services essentiels et de superviser le territoire. D'autres partenaires, notamment les États arabes, fourniraient des forces pour assurer la sécurité à court terme.
Les plans de la reconstruction de Gaza sont systématiquement bâtis sur l'idée que les monarchies du Golfe, Arabie saoudite en tête, accepteront d'y contribuer.
Xavier Guignard, spécialiste des questions palestiniennes
La possibilité d’une intervention extérieure est partagée par Xavier Guignard, spécialiste des questions palestiniennes au centre de recherche Noria. "L'Autorité palestinienne ne dispose pas des ressources nécessaires" pour gérer cette situation "et s'appuierait sur des bailleurs extérieurs", explique-t-il à l'AFP. "Les plans de la reconstruction de Gaza sont systématiquement bâtis sur l'idée que les monarchies du Golfe, Arabie saoudite en tête, accepteront d'y contribuer", poursuit-il. "Or, ces pays ne cessent de répéter que l’ère de ces financements sans contrepartie est terminée."
On espère pouvoir non pas rattraper quinze mois d'insuffisance en matière d'aide, mais de pouvoir au moins répondre de manière plus proportionnée aux besoins aujourd'hui d'une population qui sont immenses.
On espère pouvoir non pas rattraper quinze mois d'insuffisance en matière d'aide, mais de pouvoir au moins répondre de manière plus proportionnée aux besoins aujourd'hui d'une population qui sont immenses.
Jean-François Corty, président de Médecins du Monde
Outre la reconstruction d’infrastructures, les Gazaouis ont besoin d’une importante aide humanitaire. L’accord signé entre Israël et le Hamas prévoit l’entrée de 500 camions par jour dans la bande de Gaza. Jean-François Corty souligne que “cela correspond aux entrées d’avant le 7 octobre”.
"On espère pouvoir non pas rattraper quinze mois d'insuffisance en matière d'aide, mais de pouvoir au moins répondre de manière plus proportionnée aux besoins aujourd'hui d'une population qui sont immenses", explique-t-il au micro de France Info.