Après la promulgation de la réforme des retraites, la gauche réagit et espère continuer la lutte

Les syndicats ont fait part de leur "incompréhension" et réaffirmé leur "détermination" samedi 15 avril, après la promulgation dans la nuit de l'impopulaire réforme des retraites au Journal officiel. Ils l'ont qualifiée de "provocation" et de "passage en force".
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Manif CC retraites
Après la validation de la réforme des retraites par le Conseil Constitutionnel et la promulgation de la loi par Emmanuel Macron, les opposants espèrent toujours poursuivre la mobilisation contre la loi impopulaire. AP/ Lewis Joly.
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Après la promulgation express de la réforme, les syndicats et les partis de gauche n'ont pas tardé à réagir.

"On avait un exécutif à tendance pyromane… Désormais il semble prendre plaisir à jeter de l'huile sur le feu. Rien de bon ne sortira de tout ça. Ce n'est pas fini, le combat pour les retraites et la justice sociale continue!", a tweeté le secrétaire général de l'Unsa, Laurent Escure.
 

(Re)voir : France : que va devenir la mobilisation syndicale après la décision du Conseil constitutionnel ?

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Le secrétaire national de la CFDT Yvan Ricordeau a fait part de son côté de son "incompréhension" face à ce "passage en force". 

"La CFDT confirme, comme l'ensemble des organisations syndicales, que nous n'irons pas mardi à l'Élysée. Il y a une promulgation dans la nuit et on a reçu l'invitation à 23h hier officiellement". Le secrétaire a qualifié sur RMC la réunion de travail proposée par le président de la République vendredi 14 de "sans méthode, sans objet, sans contenu". "C'est de l'affichage". 

Après la décision du Conseil constitutionnel vendredi 14, les syndicats avaient demandé "solennellement" au président français Emmanuel Macron de "ne pas promulguer la loi", une demande restée lettre morte.


(Re)lire : France : l'essentiel de la réforme des retraites validée par le Conseil constitutionnel
 

"Provocation"

"L'exécutif croit saper la mobilisation sociale en promulguant sa loi brutale en pleine nuit. Il n'en est rien. Emmanuel Macron, vous ne pourrez pas tourner la page. Vous aggravez les crises sociales et politiques. Notre détermination est entière. Nous sommes des millions", a tweeté Simon Duteil, codélégué de Solidaires.

"C'est pas une surprise, mais vouloir aller vite, ça ressemble à de la provocation", a renchéri Frédéric Souillot, secrétaire général de Force ouvrière, sur France 2. "Il ferait mieux de dormir parfois le président de la République plutôt qu'à 4h du matin promulguer cette loi". 

"Il avait dit 'j'ai 48 heures'. Il avait deux semaines pour le faire, et pendant ces deux semaines, il aurait pu prendre l'article 10 de la Constitution et renvoyer (le texte devant le Parlement, NDLR)", a-t-il poursuivi.

Le président disposait de quinze jours après la validation de la plupart des mesures de la réforme par le Conseil constitutionnel pour apposer sa signature et lui donner ainsi son caractère exécutoire.
 

(Re)voir : France : la réforme des retraites validée par le Conseil constitutionnel
 

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La gauche désorientée cherche à "continuer la lutte"

Les dirigeants de gauche tentent tant bien que mal de se projeter dans la lutte contre la réforme des retraites, après cette promulgation. La première demande de référendum d'initiative partagée (RIP) de la Nupes a aussi été rejetée par le Conseil constitutionnel. 

Une seconde demande de RIP a été déposée dès jeudi 13 pour tenter de remédier aux failles de la première version, et certains à gauche y placent de raisonnables espoirs.
 

Mais d'autres n'y croient pas, à l'image de la secrétaire nationale d'EELV Marine Tondelier, qui a glissé à l'AFP à propos de la décision du Conseil constitutionnel qui sera prise le 3 mai : "Ce sera pareil, rejeté...". La cheffe de parti accuse le coup, "choquée" par cet échec du RIP. Mais elle a promis : "les partis, les syndicats, les Français ne passeront pas à autre chose".

En effet, pour "continuer la lutte", la gauche compte grossir les rangs des manifestations, particulièrement le 1er mai avec l'intersyndicale, traditionnel rendez-vous à gauche qui devrait être plus massif que d'habitude.

Pour Jean-Luc Mélenchon, ce rendez-vous "sera décisif"."Nous continuerons absolument toutes les formes de mobilisation", a aussi averti la députée écologiste Sandrine Rousseau, alors que des manifestations spontanées se sont organisées à travers le territoire après la décision du Conseil constitutionnel.
 
 

Mais pour un responsable PS, "d'ici au 1er mai, il ne peut pas y avoir de manifestations toutes les semaines": "il y a une forme d'épuisement, les gens en ont marre de manifester pour rien, avec le risque que ça s'effiloche".

Le PS a suggéré de lancer une "pétition" avec l'intersyndicale. Et les parlementaires socialistes restent fidèles à leur confiance dans les institutions en souhaitant déposer un texte législatif demandant l'abrogation de la réforme.

De son côté, LFI a pointé du doigt la "composition du Conseil constitutionnel", "plus attentif aux besoins de la monarchie présidentielle qu'à ceux du peuple souverain". Mathilde Panot, la présidente du groupe des députés insoumis, anticipe, à plus long terme, que "cette réforme des retraites va empoisonner durablement le quinquennat d'Emmanuel Macron".