L'ancien vice-président congolais risquait une peine de 18 ans de prison. La Cour pénale internationale l'a acquitté en appel des charges de crimes de guerre et crimes contre l'humanité en Centrafrique. Une nouvelle accueillie avec consternation et colère à Bangui.
En novembre 2002, les banyamulengue, les miliciens de Jean-Pierre Bemba débarquent dans le quartier du PK12. C'est un carrefour stratégique, à la sortie nord de Bangui. Dans la concession d'Albertine et de sa famille, ils établissent une de leur base militaire. Pendant près de deux ans, les habitants vont être réduit en esclavage. " Ils sont arrivés pendant que je cuisinais et ils m'ont bloqué dans la cuisine. Ils ont dit : apporte nous ça et ils ont pris tout notre repas. Après nous sommes devenus leurs employés. Ils se sont installés ici et nous avons passé tout ces moments dans la peur."
Dans cette petite cabane au fond de la cour, des dizaines de femmes seront violées, jusqu'au départ des banyamulengue fin 2003. Mais pendant la période d'occupation, ceux qui n'obéissent pas sont tués. Un an après l'arrivée des miliciens, un jour de mars 2003, un des fils d'albertine se rebelle. Il est abattu et enterré sur place. Aujourd'hui, elle n'a plus confiance dans la justice. "Si le procès de Bemba n'aboutit pas, alors qu'elle est le rôle de la CPI ? On nous parle de la cour pénal internationale tous les jours, nous avons déposé des documents, des preuves mais on soutient nos malfaiteurs. La CPI n'a pas de sens"
Des Centrafricains par milliers ont été lésés, se voient dénier cette justice. Cela pose un problème de confiance par rapport à la justice internationaleAnge-Maxime Kazagui, porte parole du gouvernement Centrafricain
15 ans plus tard, Albertine et sa famille habitent toujours dans la même concession où chaque recoin renvoit à d'effroyables souvenirs. Après Jean-Pierre Bemba et ses miliciens, il y a eu la guerre civile de 2013 ... Dans les deux cas, la justice internationale semble incapable de mettre fin à l'impunité. En Centrafrique, la cour pénale spéciale (CPS) doit théoriquement enquêter sur les crimes et violations des droits humains depuis 2003 commis dans le pays. A l'heure actuelle, les investigations peinent à débuter.
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En République Centrafricaine, le porte-parole du gouvernement Ange Maxime kazagui a vivement réagi à l'annonce du verdict : "le gouvernement centrafricain et la population centrafricaine sont dans une grande consternation. Nous nous concerterons, nous, la partie centrafricaine, pour voir s'il y a des voies de recours. C'est un très mauvais signal qui a été lancé par la justice internationale. Dans notre pays, nous avons considéré que parmi les voies de retour à une paix durable [...], il y a la justice, les réparations. Des Centrafricains par milliers ont été lésés, se voient dénier cette justice. Cela pose un problème de confiance par rapport à la justice internationale", estime-t-il.
En République Démocratique du Congo, l'acquittement de jean-Pierre bemab est perçue d'une manière totalement différente. Au siège du Mouvement pour la libréation du Congo (MLC), les partisans de Bemba ont laissé éclater leur joie. Jean-Baptiste Bomanza notamment qui dénonce un "procès politique dans lequel Bemba a été qualifié de co-auteur. Mais les auteurs eux, ils étaient où ? " s'interroge-t-il.