Après le Brexit, le Français (re)deviendra-t-il la nouvelle langue de travail de l'UE ?

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©TV5MONDE B. Borie/F.Garnier
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Avec la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, le Français pourrait redevenir la langue principale de travail, comme avant 2004... 

De nombreux députés européens parfaitement francophones doivent négocier, débattre, discuter en Anglais. Mais pourquoi pas en Français ?

"Quand il faut négocier des amendements dans une petite réunion où il y a 5 ou 6 personnes et pas d'interprète, il est clair que l'Anglais s'impose, explique Marc Tarabella, député européen. Dans nos relations avec l'extérieur, c'est l'Anglais qui s'impose, y compris des délégations que je rencontre du Vietnam, du Cambodge, du Laos, pays de l'ancienne Indochine où l'Anglais est devenu la langue principale", souligne-t-il.

Londres est entrée tardivement dans l'Union européenne mais son Anglais est aujourd'hui la langue de travail incontournable, la deuxième du Vieux Continent. Mais quand le Brexit l'en sortira, elle tombera à la dix-septième place. 

Selon Maroun Labaki, journaliste et fondateur du club de la presse francophone,"Les Anglais ont imposé une culture dans les institutions européennes et cette Europe qu'ils veulent quitter aujourd'hui, qu'ils vont quitter, c'est celle qu'ils ont façonné eux-mêmes. Comme ce sont les Britanniques qui manient le mieux cette langue, c'est eux qui parviennent, à travers cette langue, à influencer tout le débat européen."
 

Le retrait des Britanniques risque de faire basculer de nouveau l'équilibre linguistique au sein de l'Union européenne

Jean Quatremer, journaliste à Libération

​Au Front national et au Front de gauche, on veut bannir l'Anglais, et revenir à l'époque où le Français dominait. C'était avant 2004 et cette année-là, dix nouveaux pays entrent dans l'Union européenne. Avec eux, dix nouvelles langues, et un dénominateur commun tout trouvé : l'Anglais.

"Le pari que je fais, c'est que le retrait des Britanniques risque de faire basculer de nouveau l'équilibre linguistique au sein de l'Union européenne, assure Jean Quatremer, journaliste à Libération. Parce que le pays qui va se retrouver au centre du jeu, c'est toujours l'Allemagne, mais la langue allemande reste assez peu parlée en dehors de l'espace germanophone, et la France. La France va retrouver, par abandon des Britanniques, son influence. Donc naturellement le Français va petit à petit retrouver une place qui était la sienne auparavant."

Problème : l'Anglais a eu le temps d'accoucher du Globish, un genre d'Esperanto avec des faux amis allemands et français, que l'on trouve dans 90% des documents européens. Un sous-Anglais pour certains, mais un Anglais qui n'a pas dit son dernier mot. 

"Le vrai Anglais est une des langues les plus complexes de la planète contrairement à ce que l'on croit, souligne Jean Quatremer. Il y a infiniment plus de mots que dans la langue française. C'est une langue complexe, contrairement à ce que croient nos braves députés européens qui ont l'impression de parler Anglais parce qu'ils disent "Where is the parking ?"