Insultes de rue, attaques au quotidien: les scènes se répètent depuis le oui au Brexit. De nombreux témoignages via les médias britanniques ou les réseaux sociaux rapportent des agressions racistes en recrudescence. La communauté polonaise, la plus importante communauté étrangère du Royaume Uni devant les Indiens, semble particulièrement visée.
Avec le vote du Brexit, les soupapes sautent. Depuis vendredi dernier, avec la victoire du camp en faveur de la sortie du Royaume uni de l'Union Européenne, les témoignages s'accumulent, dans les médias ou sur les réseaux sociaux, faisant mention d'actes ou d'agressions racistes à découvert. Pour dénoncer ce phénomène, que les associations de défense des droits de l'Homme jugent inquiétant, plusieurs pages Facebook invitent ceux qui sont victimes de ces attaques ou qui y assistent, à publier et raconter ce qu'ils ont vécu ou vu.
Un album baptisé
"Worrying signs" ("Signes inquiétants") a été créé sur Facebook pour signaler ces actes racistes ou xénophobes. Une page intitulée
"Post Ref Racism" sur Facebook, également présente sur Twitter, (
@postrefracism) derrière
le mot-clé " #PostRefRacism" (#RacismePost-référendum), reproduit des dizaines de tweets, échanges de textos et titres de journaux hostiles à plusieurs communautés, notamment les Polonais, les Roumains et les personnes de confession musulmane.
Le texte de présentation de la page Facebook explique que "
Le fait que nous ayons voté pour quitter l'Union européenne ne veut pas dire que nous avons démocratiquement accepté le harcèlement raciste, les agressions, les intimidations ou les discours de haine." Ainsi le présentateur vedette de Sky News Tonight, Adam Boulton, twitte "Ma famille et moi avons été témoins ce week-end d'un
"Quand rentrez-vous chez vous? ".
Cet autre internaute, Jamal, poste une vidéo tournée aux abords d'une mosquée de Birmingham, deuxième ville la plus importante après Londres. On y voit une dizaine d'hommes prêts à en découdre, brandissant des bannières aux slogans islamophobes, et vociférant les mêmes slogans.
"On a voté Leave, il est temps pour vous de partir"
"J’ai passé une grande partie du week-end à parler à des associations, des individus et des militants qui travaillent dans le domaine des crimes de haine, qui surveillent les occurrences de crimes de haine, et ils révèlent des premiers résultats dérangeants révélés par des personnes arrêtées dans la rue pour s’entendre dire: Écoutez, on a voté Leave, alors il est temps pour vous de partir", déplore la baronne Warsi, ex-présidente du parti conservateur. Membre de la chambre des Lords et ancienne partisane du "leave" passée dans le camp du "remain", elle explique sur Sky News, qu'elle craint que les agressions verbales ne soient en augmentation.
Particulièrement inquiète, la communauté polonaise, la dernière arrivée parmi les récents flux migratoires, et aussi la plus importante communauté devant la communauté indienne. Des graffitis racistes ont été tagués sur la façade du centre culturel polonais de Hammersmith dans l’ouest de Londres. Depuis vendredi, des dizaines d'habitants ont reçu dans leur boite aux lettres, des cartes en anglais et polonais sur lesquelles on peut lire "la vermine polonaise dehors".
« Ces cartes ont été glissées dans les boîtes aux lettres de familles d’origine polonaise à Huntingdon aujourd’hui. J’ai envie de pleurer »Selon le
Cambridge Evening News (en anglais), une enquête est en cours afin de déterminer qui est responsable de la distribution de ces tracts.
Pour Jasvir Singh, avocat à Londres et militant du parti travailliste cité par
Bloomberg sur le site
Slate, le ton de certains discours de campagne a
«légitimé la rhétorique raciste. Il y a dorénavant une minorité qui se fait entendre et se sent autorisée à utiliser les résultats du référendum comme prétexte pour cracher sa haine».