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Après le califat terrestre de Daesh, le cybercalifat ?

Défaite en Syrie, débâcle en Irak, le groupe Etat islamique perd du terrain sur le front militaire. Mais il n'est pas mort pour autant. Si on retrouve ses combattants sur d'autres champs de bataille, ils sont aussi omniprésents sur la toile. Internet et les réseaux sociaux risquent de devenir leurs principaux terrains de chasse.

Le rendez-vous a été fixé un samedi matin à la maison des adolescents de Strasbourg.
Nous y retrouvons Dominique Bons la présidente de l’association « Syrien ne bouge » qui a fait le déplacement pour rencontrer d'autres mères comme elles touchées par la radicalisation de leur enfant. Dominique Bons a perdu Nicolas en 2014 en Syrie.
A ses côtés Nathalie Haddadi qui a perdu son fils en 2016. Belabbas avait rejoint les rangs du groupe Etat islamique.

Syrien ne bouge ?

Aujourd'hui ces femmes dont la plupart souhaitent rester anonymes, se réunissent pour s'écouter et tenter de mettre sur pied des actions de préventions.
Assistantes sociales et psychologues sont dans ce cas des aides précieuses.
Dominique Bons témoigne de la stigmatisation des familles. Ces parents, ces frères et sœurs qui eux n’ont pas sombré dans la radicalisation, payent aussi des conséquences. 

Nous, les familles concernées, on est les pires des pires et donc il faut enlever cette image. C’est en rencontrant les gens, en leur parlant, en se montrant. Il faut leur dire : vous voyez on est comme vous. 

Pour Nathalie Haddadi condamnée en septembre dernier par la justice française à 2 ans de la prison pour avoir envoyé de l’argent à son fils alors en Malaisie, prévenir et aider est comme une thérapie.

« La plupart d'entre nous on a perdu nos enfants et dans notre combat c'est peut être aussi un sentiment égoïste, cela nous fait du bien à nous, on a besoin de sauver d'autres enfants. »


Si le groupe état islamique est perte de vitesse sur les fronts syriens et irakiens, sa propagande et son idéologie subsistent. Elles continuent de séduire et d’être véhiculées....

C'est juste un déplacement qu'ils font. Ils ont perdu en Syrie en Irak maintenant on va les retrouver ailleurs tout simplement. L'idéologie restera, l’endoctrinement restera, l'enrôlement restera. Le problème aujourd’hui c'est que c’est fait dans la dissimulation et c’est un danger encore plus grave. Au niveau des attentats… parce qu’on ne va pas les voir venir

Dominique Bons

Ainsi quelques jours plus tôt la presse française a annoncé l'arrestation d'une étudiante qui projetait d'organiser un attentat en Bretagne. Elle souhaitait acheter une kalachnikov sur Telegram...

 

Telegram qui est devenu la messagerie préférée des djihadistes...


Nous rencontrons Achraf Ben Brahim l’auteur d'une enquête sur la djihadosphère. Depuis plusieurs années il scrute, analyse les comptes Telegram, Instagram, Facebook et Twitter des combattants et recruteurs de Daesh. Ces comptes sont souvent interdits mais ils renaissent sans cesse sous de nouveaux noms, avec de nouveaux codes. 
La toile est une arme à part entière pour les terroristes. qui y diffusent leur propagande. Auparavant les jeunes recrues y étaient appelés à faire leur hijra et donc rejoindre le territoire de Daesh aujourd'hui la stratégie des recruteurs évolue. 

Le recrutement aujourd’hui n'est pas une solution pour l’Etat islamique puisqu'ils n’ont plus de territoire pour accueillir les recrues et de toutes manières depuis les pertes de territoire de l'Etat islamique, le message de Daesh est très clair. L'un des djihadistes qui organisait des tentatives d'attentats en France, Rachid Kassim, lui-même avant sa mort avant d’être drôné par les USA, disait systématiquement sur Telegram, là où se concentrent les sympathisants de l’EI, " Cela ne sert à rien de venir, les frontières sont contrôlées, les frontières fermées. Si vous voulez véritablement agir pour le califat frappez en France" . 

Achraf Ben Brahim

Et Daesh propose fournit même en ligne sur ses magazines et dans ses vidéos, les techniques du parfait terroriste. Circulent ainsi sur la toile les tutoriels pour mener des actions dites « low cost » comme les attaques au couteau ou les camions qui foncent dans la foule... Triste souvenir de Nice … 

Radicalisation et réseaux sociaux

Mais le cyberdjihadisme ne se limite pas à lancer des appels aux candidats kamikazes. 
Le professeur Séraphin Alava de l’université de Toulouse dans le Sud de la France étudie les liens entre la radicalisation et les réseaux sociaux.  Il est l’auteur d’un rapport à ce sujet pour l’Unesco et travaille de concert avec l’Union européenne.

Pour lui, après les déboires du califat terrestre de Raqqa, le cyber califat peut devenir le principal terrain de lutte.

Le discours va changer dans l'attente qu’il y ait de nouveaux califats mais l’idée de dire qu’il y a une communauté, celle de Daesh, va rester. C’est-à-dire que peu à peu on va avoir l’idée que le califat n’est pas obligatoirement un califat d'espace mais un califat de pensée. Le cyber califat va devenir le terrain général.

Séraphin Alava

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Mais  les Etats ciblés sont-ils prêts, savent-ils réellement lutter contre le cyberdjihadisme? 
La France a renforcé ses effectifs policiers pour traquer les recruteurs sur la toile. Des accords sont négociés avec les géants du web, comme Google  ou Facebook pour qu'ils bloquent les contenus...

Contre-propagande ou contre-discours ?

Les pays diffusent des vidéos de contre discours mais ceux-ci  peinent à concurrencer les récits de Daesh...
Il ne doit y avoir un contre –discours mais des contre discours. Pour Abdelasiem El Difraoui, politologue et spécialiste de la propagande djihadiste, il faut savoir adapter les propos en fonction du parcours du jeune radicalisé.

On sait de mieux en mieux contrer ça mais c'est une lutte de longue haleine. Le problème est que la contre propagande étatique contre la propagande djihadiste n'est pas très crédible. Ce qu'on appelle aujourd’hui  les repentis, à savoir les gens engagés dans mouvance djihadiste mais qui regrettent sincèrement, peuvent être utiles. Car pour faire des contre discours il faut avoir des messagers extrêmement crédibles. Si les messagers ne sont pas crédibles le contre récit-risque de ne pas fonctionner.

Abdelasiem El Difraoui 

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Mais les djihadistes ont une grande capacité d'adaptation. Ils peuvent compter sur des hackers et des sympathisants connectés partout dans le monde. Et ils ont souvent un pas d'avance. 

 

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