Fil d'Ariane
Car un an plus tôt, Saad Hariri a bel et bien été l'otage de celui qu'on surnomme "MBS". Le 4 novembre 2017 sur invitation du Royaume, il s'attend à participer à un pique-nique dans le désert. Mais ce matin-là, comme le révèle le journal Le Monde, séparé de son escorte personnelle, le Premier ministre libanais est amené au palais de Mohammed Ben Salman :
Saad Hariri est isolé dans une pièce avec, en face de lui, trois conseillers du prince héritier, des cadres intermédiaires du régime saoudien. Ils vont le secouer (...) Le Premier ministre libanais a ensuite été retenu contre son gré pendant quasiment deux semaines.
Pour les Saoudiens, Saad Hariri est trop tendre avec le partenaire de sa coalition au pouvoir à Beyrouth, le Hezbollah, mouvement chiite libanais allié de Téhéran, l'ennemi affiché de Riyad.
Pris dans un guet-apens comme Jamal Khashoggi des mois plus tard, Saad Hariri n'a d'autre choix que d'obtempérer. Même si sa lugubre démission devant les caméras de télévision provoquera un sursaut d'orgueil de la classe politique libanaise et une mobilisation de la communauté internationale. Tout comme les révélations actuelles dans l'affaire Khashoggi, cet épisode en dit long sur la méthode "MBS" :
C'est un mélange de brutalité et d'amateurisme. Ce qui est très étonnant dans le fonctionnement du prince héritier saoudien, c'est la très grande latitude qu'il donne à des seconds couteaux, notamment son conseiller médias Saoud al-Qahtani qui a supervisé l'interrogatoire et les pressions exercées sur Saad Hariri.
Saoud al-Qahtani était aussi aux manoeuvres dans l'affaire Khashoggi : d'après l'agence Reuters, il aurait signé l'arrêt de mort du journaliste. Limogé par Riyad le 20 octobre dernier, il est l'un des 17 responsables saoudiens sanctionnés par les États-Unis.