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Arabie saoudite : Mohammed Ben Salman, un double visage

Le prince héritier Mohamed Ben Salman vend une image de réformateur mais ses méthodes ne sont pas à une contradiction près. 

"J'annonce ma démission du gouvernement libanais". En novembre 2017, Saad Hariri, Premier ministre libanais, quitte son poste en direct à la télévision, mais depuis de Riyad. Mohamed Ben Salman, surnommé MBS, est nommé prince héritier depuis moins de six mois. Et selon une partie de la classe politique libanaise, Hariri est bel et bien retenu prisonnier en Arabie saoudite. Il faudra plusieurs semaines, et l'intervention de la France, pour résoudre cette crise diplomatique.

Au même moment, se joue un autre épisode rocambolesque : MBS décide d'une vaste purge, c'est à l'hôtel Ritz-Carlton qu'il fait enfermer de nombreux princes et hauts responsables. Ils seront libérés pour la plupart, en échange de sommes d'argent importantes. 

Une opération présentée à l'étranger comme un vaste plan de lutte anti-corruption. Car sur la scène internationale, le prince hériter fait tout pour avoir l'air fréquentable. Il voyage beaucoup, rencontre des politiciens et des hommes d'affaires influents. Comme lors de sa rencontre avec le fondateur de Facebook, MBS n'hésite pas à troquer son habit traditionnel contre un jean. Voilà l'image qu'il veut donner : celle d'un dirigeant jeune, progressiste et partisan d'un islam plus modéré :
 

Nous ne ferons que retourner à un islam modéré, tolérant, ouvert sur le monde et les autres religions.

Les réformes économiques et sociales se succèdent : en juin 2018, les femmes obtiennent enfin le droit de conduire. Mais à chaque réforme, sa contradiction. Au même moment, plusieurs militantes des droits des femmes finissent derrière les barreaux. En même temps que des religieux et des opposants au pouvoir. Une vague d'arrestations qui n'émeut qu'un pays : le Canada. Son gouvernement s'offusque sur Twitter. Réponse de Ryiad : l'ambassadeur canadien est expulsé. 

L'affaire Khashoggi est-elle le coup de trop pour ce prince hériter au visage double ? Il vient en tout cas d'être nommé à la tête d'une commission pour restructurer les services de renseignement saoudien. Un poste attribué par son père, le roi Salman, qui semble encore lui faire confiance, officiellement.