L'Arabie Saoudite continue de descendre dans le classement annuel de la liberté de la presse publié par
. En 2014, le royaume a perdu une place et figure au 164e rang sur 180, faisant parti des derniers de la liste, juste derrière le Bahreïn. Le roi Abdallah ben Abdelaziz Al-Saud a également été désigné "prédateur de la liberté de la presse" par RSF.
Dans ce contexte, difficile pour les journalistes de travailler sans danger. RSF lance cette semaine un appel pour obtenir la grâce du cyberactiviste Raef Badawi, 30 ans. Il a été, cette année, lauréat du prix RSF-TV5MONDE pour la liberté de la presse. Cofondateur en 2006 d'un réseau de discussions en ligne : Liberal Saudi Network, il est détenu depuis juin 2012 à la prison de Briman à Jeddah.
Officiellement, il est condamné à 10 ans de prison, il a interdiction de quitter le territoire, doit payer un million de rials saoudiens et, plus grave encore, il doit recevoir 1000 coups de fouet.
La raison invoquée est la suivante rappelle RSF : "la violation de l’article 6 de la loi anti-cybercriminalité" portant sur le traitement d’information allant à “l’encontre de l’ordre public, des valeurs religieuses, des morales publiques et de la vie privée”". Raef Badawi est, en fait, accusé d’avoir critiqué la police religieuse.
La cofondatrice du site, Souad Al-Chammari a également été arrêtée le 28 octobre 2014 "pour des tweets publiés sur son compte jugés insultants pour l’islam et portant “atteinte à l’ordre public”", rapporte RSF.
L'association a lancé ce lundi 8 décembre une
pétition appelant le roi saoudien à gracier le journaliste : “Reporters sans frontières appelle le roi à intervenir et à accorder au plus vite sa grâce à Raef Badawi pour lui éviter une peine inhumaine contraire au droit international, déclare Christophe Deloire, secrétaire général de l’organisation. A travers son blog, le citoyen-journaliste a eu le courage de questionner publiquement son pays sur l’évolution de la société saoudienne et le respect des libertés fondamentales, suscitant des débats sur les questions politiques, religieuses et sociales. Or, pour avoir initié cette réflexion citoyenne, ce jeune homme de 30 ans est persécuté par les autorités saoudiennes depuis 2008.”
La femme et les trois enfants de Raef Badawi ont dû fuir le pays pour le Liban puis le Canada depuis octobre 2013.