« Tout le monde y va » Dans toutes les familles, on trouve des parents ou des amis qui ont fait ou font encore une psychanalyse. « Mon père était un pionnier de cette pratique. A 19 ans, il m’a incitée à y aller et mes quatre enfants ont entamé une analyse dès l’âge de 18 ans. En Argentine, tout le monde y va, hommes, femmes, jeunes adultes, retraités », s'exclame
Graciela Pioton-Cimetti, sociologue et psychanalyste jungienne basée à Paris. Là-bas, faire une analyse est totalement passée dans les mœurs. « Si un ami ou un fils se sent angoissé, il est courant de lui dire "pourquoi n’en parles-tu pas avec un psy ?" », souligne Sara Cagliolo. « Chez nous, c’est devenu un sport national, un peu trop », dit en riant, Andrés, un quarantenaire porteño, résidant à Paris. Pas Tabou « Contrairement à d’autres pays, en Argentine, il n’y a pas cette idée qu’il faut être "fou" pour consulter. Se rendre chez un psychanalyste est perçu comme une chose normale, utile », insiste Graciela Pioton-Cimetti. Andrés, compare la différence d’approche : « Les Argentins sont convaincus qu’en parlant ils peuvent solutionner leurs problèmes. Là-bas, personne n’a honte de dire qu’il suit une analyse. En France cela me semble plus rare. En parler avec un ami paraît aussi plus tabou. Tandis que chez nous, le psy peut être très présent dans une conversation entre amis, parents ». En Argentine, il est également commun de rencontrer des personnes qui font 15, 20 voire 25 ans d'analyse souvent avec le même praticien. Une fidélité au psy qui, pour Andrés, revêt un aspect quasi religieux : « Parfois, je me demande si la psychanalyse n’a pas remplacé la religion. Dans notre pays, il n’est pas rare d’entendre "je dois absolument aller en parler avec mon psy", comme avant on allait voir un prêtre pour se confesser ». Lui qui a expérimenté cette pratique dans les deux pays estime qu’en France, la relation est moins « proche » et la « plongée dans l’inconscient un peu moins profonde ». Mais, ajoute-t-il :« J’ai aussi l’impression que les Français sont moins « accros » au divan que les Argentins ».