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Hugo Auradou et Oscar Jegou ont été inculpés de viol aggravé ce 12 juillet. Ils encourent jusqu'à 20 ans de prison. À l'issue de l'audience à Mendoza, en Argentine, les deux joueurs de l'équipe de France de rugby se disent "innocents" mais "inquiets". Le XV de France affronte le 13 juillet les Pumas à Buenos Aires.
La police escorte Oscar Jegou, à gauche, et Hugo Auradou, à droite, à Buenos Aires, le 11 juillet 2024. Les deux joueurs de l'équipe de France de rugby ont été inculpé de viol à l'encontre d'une femme le 6 juillet.
À l'issue d'une audience de mise en accusation, "l'unité du parquet de Mendoza chargée des délits contre l'intégrité sexuelle (...) a procédé à l'inculpation formelle des deux citoyens français qui font l'objet d'une enquête pour violence sexuelle avec pénétration, aggravée par la participation de deux personnes", indique dans un communiqué le parquet de Mendoza (nord-ouest de l'Argentine).
Le deuxième ligne de Pau Hugo Auradou, 20 ans, et le troisième ligne de La Rochelle Oscar Jegou, 21 ans, "resteront en détention" pendant l'étude de la demande de placement en résidence surveillée déposée par la défense, est-il précisé. L'avocat principal des joueurs, Maître Cuneo Libarona, a indiqué faire valoir qu'"il n'y a pas de danger de fuite".
L'avocat français appelle au respect de leur "présomption d'innocence" et à "une certaine réserve" dans la relation des faits. "À ce stade, l'enjeu est de rappeler un principe essentiel de toute procédure qui est celui de la présomption d'innocence, qui n'est pas un vain mot", déckare à l'AFP Antoine Vey. Il explique avoir été co-désigné avec l'avocat argentin Rafael Cuneo Libarona pour défendre les intérêts des deux joueurs du XV de France.
Poursuivis au départ de l'affaire pour "violences sexuelles", ils sont désormais inculpés de "viol aggravé", les faits les plus graves pouvant leur être reprochés et punissables de 20 ans de prison.
Ce 12 juillet, de la voix d'un autre de leurs avocats, Maître German Hnatow, Hugo Auradou et Oscar Jegou se disent "innocents" mais "inquiets". "Ils sont fermes et sûrs de leur version, ils sont calmes parce qu'ils se savent innocents dans cette affaire, mais ils sont bien sûr inquiets de la situation", a déclaré à la presse German Hnatow. "Ils n'ont pas témoigné" devant la procureure, a-t-il ajouté. "Ils feront (plus tard) leur déclaration qui est cohérente et bien sûr très différente de ce que la victime a dit".
Hugo Auradou et Oscar Jegou ont, dès le début, reconnu avoir eu "une relation sexuelle" mais ont "fermement nié toute forme de violence" dans la nuit de samedi 7 au dimanche 8 juillet au Diplomatic Hotel de Mendoza où logeaient joueurs et staff français, après la victoire (28-13) du XV de France face aux Argentins.
Des relations sexuelles "consenties", a réaffirmé le 11 juillet leur avocat, frère du ministre de la Justice, énumérant plusieurs "indices" le prouvant : le fait que la plaignante ait quitté la boîte de nuit, soit montée dans un taxi, soit entrée à l'hôtel et qu'elle ait attendu que le joueur aille chercher la clé de la chambre. Selon Maître Cuneo Libarona, auprès du journal Clarin, il s'agit d'une "femme de 40 ans qui sait déjà ce qui se passe dans la vie". L'avocat nie que des coups aient été portés : "Elle prétend avoir été battue, les caméras (de surveillance de l'hôtel) disent qu'elle ne l'a pas été".
Mais l'avocate de la victime, Maître Natacha Romano, a d'emblée dénoncé des "violences sexuelles avec pénétration", la définition judiciaire du viol en Argentine, "particulièrement atroces".
Selon la version de Maître Romano, sa cliente est rentrée à l'hôtel avec l'un des deux joueurs impliqués, "identifié en premier lieu comme Hugo (Auradou)". Toujours d'après Me Romano, "il l'attrape immédiatement, la jette sur le lit, commence à la déshabiller et se met à la frapper sauvagement d'un coup de poing, dont l'hématome est visible sur le visage de la victime. Il l'étouffe, au point qu'elle a l'impression de se sentir partir". Environ une heure plus tard, "entre le deuxième, qui s'appelle Oscar", assure l'avocate, l'accusant des "mêmes faits de violence et de violence sexuelle".
"Elle tente de s'échapper au moins cinq fois. Mais Hugo se réveille et la reprend", affirme-t-elle. "Il lui a même uriné dessus et ce n'est qu'à 08h30 qu'elle a pu se sortir de cette situation et s'enfuir de l'hôtel" ajoute-t-elle.
Maître Romano déclare que sa cliente a été hospitalisée et devrait rester en observation entre 24 et 48 heures, souffrant "d'une décompensation générale du corps suite à tout ce qui s'est passé".
Quand elle a lu les informations dans la presse, "elle a été bouleversée, en état de choc total et s'est évanouie, notamment à cause des lésions que le scanner a révélées", a-t-elle déclaré à une radio locale. Pour Nicolas Yungman, psychologue à l'hôpital Alvear de Buenos Aires, il pourrait s'agir d'un "syndrome de stress post-traumatique".
Selon Daniela Chaler, la procureure de Mendoza qui a entendu la victime présumée, sa "déposition était assez longue, complète, détaillée et correspondait, pour l'heure, aux conclusions médico-légales".
L'avocate de la victime tient à mettre les choses au clair auprès de l'AFP : "on a d'abord dit qu'il s'agissait d'une jeune fille qui cherchait sa chance dans une boîte de nuit. Mais non, il s'agit d'une femme de 39 ans, fille et soeur d'avocats, une femme d'honneur."
"Pour le groupe, pour la délégation, ça a été vécu comme un traumatisme. Il y a eu une forme de sidération quand on a appris les nouvelles et lorsque la police a débarqué à l'hôtel à Buenos Aires", avait déclaré le 9 juillet le sélectionneur du XV de France Fabien Galthié. "Ça a été une journée très difficile, très, très dure. Un moment très difficile à vivre" a-t-il ajouté.
Le président de la Fédération française de rugby Florian Grill, qui a rencontré les deux joueurs à Buenos Aires ce même jour, souhaite "que la justice aille vite". Présent à Mendoza, il indique que "l'avocat a pu exposer (auprès du parquet de Mendoza) plusieurs points qui questionnent sur la déclaration initiale et qui vont mettre en cause plusieurs déclarations".
"Si l'enquête établit les faits reprochés, ils constituent une atrocité sans nom. Pensée pour la victime", avait écrit sur X Amélie Oudéa-Castéra, la ministre française des Sports, après la révélation de l'affaire qui a plongé le XV de France dans la tourmente.
Des membres de la famille des joueurs sont attendus le 13 juillet, selon Maître Hnatow. Victorieux de l'Uruguay (43-28) le 11 le XV de France doit à nouveau défier les Pumas samedi 13 juillet à Buenos Aires.