Aux Etats-Unis, l'Etat de l'Arkansas a procédé à sa première exécution depuis 2005. Ce jeudi 20 avril 2017, Ledell Lee a reçu une injection mortelle composée d'un produit périmé à la fin du mois qui a soulevé un débat judiciaire. Justifiant cette péremption prochaine, l'Etat du sud comptait exécuter sept autres condamnés à mort d'ici au 27 avril.
Ledell Lee a été exécuté peu avant minuit, au terme d'une nouvelle journée d'une intense bataille judiciaire.
L'homme de 51 ans, condamné pour le meurtre d'une femme en 1995, a reçu l'injection mortelle a 11h44, heure locale, jeudi 20 avril, et a été déclaré mort 12 minutes plus tard.
Cette exécution est la première diligentée par l'Etat du sud depuis 2005 et la première d'une série de huit qu'il comptait accomplir d'ici la fin du mois d'avril.
L'Arkansas avait planifié l'exécution de huit détenus (4 blancs et 4 noirs) en 11 jours du 17 au 27 avril 2017. Des exécutions à la chaîne en un temps record officiellement justifiées au départ par l'arrivée à péremption des produits utilisés dans l'injection mortelle.
Quatre des huit condamnés avaient vu leur peine retardée ces dernières heures. Ce dont n'a pas bénéficié Ledell Lee, malgré le recours contre l'exécution déposé par la puissante organisation de défense des droits civiques, ACLU (American Civil Liberties Union).
Trois autres hommes doivent donc être exécutés avant fin avril tandis que quatre autres condamnés à mort ont obtenu des sursis in extremis après une bataille judiciaire intense.
Parmi les recours intentés, une juge fédérale américaine a ainsi suspendu samedi la série d'exécutions. Mais sa décision a ensuite été cassée et a fait l'objet de multiples procédures.
Par ailleurs, une société de distribution de produits pharmaceutiques, l'entreprise McKesson, accuse les autorités pénitentiaires de l'Arkansas de lui avoir acheté un produit qui serait employé à tuer des condamnés sans la prévenir.
Quatre condamnés à mort en sursis
La Cour suprême de l'Arkansas a accordé jeudi un sursis à un quatrième condamné à mort parmi les huit détenus que cet Etat américain veut exécuter d'ici la fin du mois : Stacey Johnson, dont la défense avait demandé une analyse ADN pour prouver son innocence. Ce qui n'avait pas été fait pendant le procès de cet homme noir, condamné pour le meurtre d'une femme blanche perpétré en 1993.
Lundi, la Cour suprême avait mis son veto à l'exécution de Don Davis, quelques minutes seulement avant sa mise à mort. L'homme avait déjà pris ce qui devait être son dernier repas.
Quant à Bruce Ward, qui devait également être exécuté lundi, il avait obtenu vendredi un sursis auprès de la Cour suprême de l'Arkansas.
Enfin un juge fédéral de l'Arkansas avait, le 6 avril, suspendu pour un mois l'exécution de Jason McGehee, prévue le 27 avril.
La procureure générale de l'Arkansas, Leslie Rutledge, entend suivre le programme du gouverneur et faire annuler ces sursis, alors que trois autres exécutions restent programmées.
L'Arkansas prévoit d'exécuter Jack Harold Jones et Marcel Williams le 24 avril, ainsi que Kenneth Williams le 27.
Le midazolam en cause dans l'injection létale
Il y a plus d'un mois, le gouverneur de l'Arkansas, Asa Hutchinson, un Républicain, avait justifié ces huit exécutions rapprochées du fait d'une incertitude quant à la disponibilité d'un des trois produits utilisés dans l'injection létale, le midazolam.
Un produit pour lequel, auparavant, des représentants de l'Etat du Sud avaient déclaré qu'il serait bientôt périmé et qu'il fallait l'utiliser avant fin avril.
Le midazolam, connu pour ses propriétés sédatives, a par ailleurs été pointé du doigt par les avocats des huit détenus. Lesquels ont tenté de bloquer son utilisation arguant qu'il provoquait une mort douloureuse car non-anesthésiant.
Cette série d'exécutions intervient à un moment critique dans l'histoire de la peine capitale aux Etats-Unis.
Trente-et-un États appliquent la peine de mort aux Etats-Unis, et principalement via une injection mortelle.
En 2016, le nombre d'exécutions avaient atteint un plus bas historique en 25 ans aux Etats-Unis. En sera-t-il de même en 2017 ?