Arménie : des législatives anticipées bien calculées

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Les Arméniens votent ce dimanche. L'ex Premier-ministre Pachinian a démissionné pour obtenir ces législatives anticipées. Il convoite une plus grande majorité au Parlement pour éradiquer la corruption et la pauvreté.

Si ces élections législatives anticipées ont été voulues par le Premier ministre réformateur, c'est qu'il espère obtenir la majorité et renforcer ainsi son pouvoir quelques mois après être arrivé à la tête de ce pays du Caucase grâce un soulèvement populaire.

Nikol Pachinian, un ancien journaliste de 43 ans, a pris les rênes de l'Arménie en mai dernier après avoir mené pendant plusieurs semaines des manifestations massives contre le gouvernement en place depuis plus de dix ans. Mais le Parlement, lui, restait encore largement acquis au Parti républicain de l'ex-président Serge Sarkissian.

Manoeuvre politique

Mi-octobre, Nikol Pachinian a annoncé sa démission, puis il s'est mis d'accord avec les députés pour qu'ils échouent deux fois consécutivement à élire un nouveau chef de gouvernement : un prétexte pour la dissolution du Parlement et la convocation d'élections législatives anticipées.Le scrutin a été fixé au 9 décembre alors que les prochaines élections législatives, dans cette ex-république soviétique du Caucase du Sud, n'étaient jusqu'ici prévues qu'en 2022.

"Un processus révolutionnaire inachevé, une incertitude politique entravent le développement économique de l'Arménie", a assuré Nikol Pachinian, qui garde le poste du Premier ministre par intérim, lors d'un rassemblement de ses partisans la semaine dernière. Il a également promis d'organiser "les meilleures élections que l'Arménie a jamais vues".

Nikol Pachinian, qui a lancé depuis son arrivée au pouvoir une croisade tous azimuts contre la corruption - de l'armée ou des douanes jusqu'aux écoles -, prône une "révolution économique" dans un pays où quelque 30% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté, selon les statistiques officielles.

Popularité maximum

Côté politique, le leader de la "révolution de velours" arménienne promet de "sceller davantage l'alliance stratégique avec la Russie et en même temps de renforcer la coopération avec les Etats-Unis et l'Union européenne".

Selon les analystes, Nikol Pachinian, considéré comme un héros national pendant les protestations antigouvernementales de printemps, s'est plié en deux pour organiser ces élections anticipées alors qu'il est au sommet de sa popularité. En septembre, le bloc de Nikol Pachinian a remporté une victoire écrasante aux élections municipales d'Erevan, en recueillant plus de 80% des voix dans la capitale arménienne où habite environ 40% de la population de l'Arménie. Reste à savoir si, après le scrutin, cette popularité resistera à l'épreuve de la réalité.

Neuf partis politiques et deux blocs électoraux sont en lice pour les 101 sièges au Parlement arménien. Selon la législation arménienne, un parti a besoin de recueillir au moins 5% des voix des électeurs pour pouvoir siéger au Parlement, alors qu'un bloc électoral doit franchir la barre de 7%.