Il avait promis un "tsunami politique", il appelle désormais à la désobéissance civile. Nikol Pachinian a échoué mardi à se faire élire Premier ministre d'une Arménie en pleine révolution de velours. La figure de proue de la contestation a appelé ses milliers de partisans à paralyser le pays. La nouvelle élection du Premier ministre au Parlement est prévue pour le 8 mai prochain.
Tôt ce mercredi, ils sont déjà là les partisans du chef de l'opposition. Plusieurs routes menant à la capitale et à l'aéroport sont bloquées. L'optimisme reste de mise.
Pourtant, les événements ne se sont pas déroulés comme prévu. Tard mardi soir, Nikol Pachinian est venu galvaniser les dizaines de milliers de personnes qui l'attendaient place de la République, en plein centre d'Erevan. Il a appelé à la désobéissance civile et à la grève générale jusqu'à la "victoire de la révolution d'amour et de tolérance", selon ses propres mots. Face à lui, des Arméniens déterminés à le porter au pouvoir :
Les gens sont contrariés. Mais ce n'est pas la fin, c'est juste le début. Les gens vont s'unir. D'autres vont nous rejoindre. Nikol Pachinian vient de dire que nous vaincrons. Nous avons déjà gagné. Le parti républicain a un train de retard.
Sarmat Khachatryan, partisan de l'opposant Nikol Pachinian
"Nous nous battrons jusqu'au bout. Jusqu'à ce que Nikol Pachinian devienne Premier ministre !" clame une autre manifestante favorable à l'opposant.
Dans la soirée, l'ancien journaliste qui a promis "un tsunami politique" si le parti au pouvoir "volait la victoire du peuple" a essuyé un cuisant échec au Parlement réuni en session extraordinaire. Il n'a recueilli que 45 voix au lieu des 53 qui lui étaient nécessaires pour être élu Premier ministre. 55 députés ont voté contre lui.
Nikol Pachinian qui a été lâché par le parti républicain, majoritaire, ainsi que par deux députés parlementaires qui lui étaient en principe acquis, dénonce un programme "un peu libéral, un peu socialiste".
Un retournement de situation. Figure historique de l'opposition, il était le seul candidat au poste de Premier ministre, propulsé par le bloc d'opposition. Et une crise qui s'aggrave en Arménie, sous l'oeil vigilant de la Russie, l'ancien pouvoir central toujours influent dans l'ex-république soviétique, ne veut pas d'une contestation populaire aux mains d'un dirigeant qui pourrait lui être hostile.